Matin de l’ange à la pierre tournée,  
ô toi soleil sur la rosée!
As-tu rencontré Marie-Madeleine,
foulant en hâte le chemin de Pâques,
parfum qui s’échappe du tombeau
pour embaumer son Bien-Aimé?
 
Porte ouverte à la flamme du printemps,
ô toi jardinier sur la brèche!
As-tu saisi les pleurs de l’amoureuse,
mendiant le corps de l’amour
qui s’élance au battant de son désir
pour être nommé par son nom?
 
Lumière enfouie à l’intérieur,
ô toi silence sur le cœur!
A-t-elle revu sa beauté en toi,
laissant l’espace à ta présence
qui se cache derrière sa douleur
pour renaître d’eau et d’esprit?
 
Frisson offert à l’étreinte,
ô toi parole sur le sang!
A-t-elle baigné ses yeux dans les tiens,
retenant tes pieds à la terre
qui s’esquivent vers l’autre ailleurs
pour monter au pays du Père?
 
Jacques Gauthier, Prières de toutes les saisons, Bellarmin/Parole et Silence, p. 92.