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Le blogue de Jacques Gauthier

La grâce du jeûne chrétien

Le Carême est un temps par excellence de conversion et de rencontre avec Dieu. Il s’ouvre sur le récit du jeûne de Jésus dans le désert. Ce jeûne de longue durée découle d’un appel de l’Esprit : «Jésus, rempli d’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim» (Luc 4, 1-2).

Jesus jeune

L’action de l’Esprit

Le jeûne de Jésus est réel et rigoureux. Le Tentateur le défie, lui fait miroiter un messianisme temporel. Par le jeûne, l’humilité et l’obéissance au Père, Jésus résiste aux convoitises de la toute-puissance et aux abus de pouvoir. Il répond trois fois à l’Adversaire par la puissance de la Parole de Dieu et non en recourant à la pensée magique, car «l’homme ne vit pas seulement de pain» (Luc 4, 3). Ce jeûne prépare Jésus à sa mission. Ainsi, il retourne en Galilée pour annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume.

Le jeûne chrétien est donc action de l’Esprit, participation à la compassion du Christ, préparation à la mission d’évangélisation. Il est aussi expérience pascale, où nous nous incorporons au Christ ressuscité en passant par ses souffrances. Nous nous purifions pour mieux renaître en Jésus. Le jeûne est surtout attente de l’Époux, puisqu’il nous est enlevé depuis l’Ascension. La faim corporelle n’est là que pour orienter la personne qui s’adonne à cette pratique vers une autre faim, plus spirituelle, celle du Christ et de son retour.

Le jeûne jaillit de la plénitude intérieure de l’Esprit qui dilate le cœur, en union avec le Christ. Il témoigne de l’importance du corps dans la prière, de l’abandon confiant au Père. Le corps qui se prive crie vers Jésus; la faim de pain se transforme en faim de pain eucharistique.

Prière-jeûne-aumône

La tradition biblique et chrétienne a toujours reconnu le jeûne, la prière et l’aumône comme des expressions privilégiées de la conversion et de la pénitence. Ce sont des instruments au service du pur amour des autres et de Dieu. Le jeûne conduit à l’aumône, au partage. L’argent économisé par le jeûne est donné aux plus démunis. Plusieurs Pères de l’Église montrent que le jeûne est vraiment religieux si on envoie aux pauvres le prix du repas.

La valeur du jeûne ne dépend pas de sa durée, mais de l’Esprit qui l’anime. Il est d’abord intérieur avant d’être extérieur, solidaire et intercesseur. Pour saint Augustin, le jeûne et l’aumône sont les deux ailes de la prière. Nous retrouvons d’ailleurs ce trinôme prière-jeûne-aumône dans toutes les grandes religions. 

Pour avoir moi-même jeûné à quelques reprises, je peux affirmer que le jeûne chrétien n’est pas une compétition ou une performance, mais un repos et une grâce. Le corps se refait, l’esprit se fortifie, l’âme s’abandonne. Ce n’est pas un châtiment ou une privation d’être, mais une libération, une accession à ce que nous sommes vraiment, des enfants de Dieu. (Lire cet article sur mon site: Les bienfaits du jeûne).

Le jeûne alimentaire n’est pas le seul qu’il convient d’observer durant le Carême. Il y a le jeûne de la langue : pas de paroles inutiles, de jugements intempestifs, de critiques acerbes. Il y a aussi le jeûne du regard et de l'ouïe : moins de télévision, d’Internet ou de jeux vidéos. À chacun et chacune de trouver la façon de jeûner dans la joie pour s’unir davantage au Christ.

Paru dans le Prions en Église Canada, 14 février 2016, p. 35-36.

Pour aller plus loin: Guide pratique de la prière chétienne, Presses de la Renaissance, p. 161-166.

De Saint-Denys Garneau: la quête de l'absolu (1/2)
Livre: Le nom de Dieu est Miséricorde

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vendredi 19 avril 2024

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