La dernière feuille ressuscite
entre les fentes du trottoir
me frôle le pied de sa pointe
une preuve que j’ignore
 
Elle est passée sur moi après la pluie
forte de sa fragilité
agile de celle qui se sait libre
 
Sa vie capte les fragrances
un rien pour sentir l’haleine d’automne
le souffle qui se dépense en vapeur
 
Ce bout du monde au creux de moi
se fait oublier pour retrouver le goût âpre
des pommes vertes au jardin du voisin
 
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Cimetiere ange 
 
Anges de pierre des vieux cimetières
oasis de mousse et de fleurs fanées
mélancolie féminine de l’adieu ultime
l’imaginaire se repose dans votre pâleur
 
Vous donnez vie à nos songes ensevelis
statues endormies remplies d’énigmes
couvertes de lierre et de résine
masquées de toiles d’araignée 
 
Les pigeons y passent au fil des saisons
vos ailes rongées par l’érosion du siècle
défient le divin statuaire de neige 
sous le suaire de vos émanations
 
Anges d’hier plein d’aujourd’hui
l’excès d’amour nous manque
l’incandescence d’une transcendance
vole à travers vous jusqu’à nous
 
Ces poèmes sont tirés de mon recueil La vie inexprimable, Éditions du Noroît, p. 73 et 78.