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Le blogue de Jacques Gauthier

Sylvie Paquette chante Anne Hébert

Sylvie Paquette

Je me souviens de Sylvie Paquette, elle devait avoir 18 ans. C’était au début des années 80. J’étais animateur au Café Chrétien à Sainte-Thérèse-de-Blainville. Un soir, Sylvie était venue avec sa guitare, et sa mère, je crois, pour nous partager sa quête de joie. La passion était au rendez-vous, la voix aussi. Que de chemin parcouru depuis ! De Jésus à Anne Hébert, pourquoi pas ? Avec son album Terre originelle, c’est le retour aux grands courants bibliques qui ont nourri la culture et l'imaginaire de l’auteure des Songes en équilibre. Le poème Amour, qui n’est pas sans rappeler le souffle mystique du Cantique des Cantiques, ouvre magnifiquement l’album. La chanteuse, avec juste ce qu’il faut de fragilité et de maturité dans la voix, s’approprie les mots d’Anne Hébert pour en faire sa substance, comme s’ils coulaient dans ses veines. « Toi, la vigne et le fruit; toi, le vin et l’eau; toi, le...

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Un 22 mars à Bruxelles

attentats bruxelles

 Semaine sainteVendredi saint anticipé L’ombre mouvantes’enlise dans ma têteprofonde entailleoù se greffeun Christ d’épinesqui me prend sur sa poitrine Une lame s’enfonceà la jointure des ostrempée dans la paroleflamme vivace qui consumele bois sec de mon oraisonofferte aux victimes  Les bougies se consument du côté du soufflej’aligne les litanies du silence au pas-à-pas du cœurdans l’axe de l’heureoù le chemin tournevers le jour à venir Je consens au vœu d'espéranceà mon poste de veilleurpour hâter la paixet lever le monde Je n’ai de testamentque le côté ouvertà coups de lancecaché dans chaque pagedu grand corps vivantqu'il nous reste à bâtir 

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De Saint-Denys Garneau: la quête de l'absolu (2/2)

Saint Denys Garneau

Voici la deuxième partie de mon article sur le poète de Saint-Denys Garneau, en écho à la biographie de Michel Biron: De Saint-Denys Garneau. Montréal, Éditions du Boréal, 2015, 450 pages. Pour relire la première partie, cliquez ici. Garneau et La Tour du Pin En terminant la lecture de la fascinante biographie de Biron, je suis frappé par la parenté d’âme qui existe entre Garneau et un autre poète de son âge, Patrice de La Tour du Pin. Loin des milieux littéraires lui aussi, il a mené sa quête de beauté dans le Loiret en France, créant des jeux qui puisaient aux sources de l’enfance. Est-ce que Garneau a lu La Quête de joie (1933) de La Tour du Pin qui a tant marqué les poètes ? Gaston Miron avait ouvert ce recueil par hasard dans une librairie de Montréal, en 1948, et avait lu ces deux vers qui orienteront sa vocation poétique : «...

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De Saint-Denys Garneau: la quête de l'absolu (1/2)

Saint Denys Garneau

En 2011, Pierre Nepveu a publié une biographie exhaustive du poète Gaston Miron (Boréal, 900 pages) qui m’a beaucoup plu. J’ai retrouvé le même plaisir de lecture dans « la » biographie que Michel Biron vient de consacrer à de Saint-Denys Garneau. Les deux professeurs de littérature ont effectué des recherches exemplaires sur ces poètes majeurs du Québec. Ils ont dépouillé des fonds d’archives, rencontré les proches, retrouvé des textes inédits et des photos, nous brossant ainsi des portraits inoubliables de ces hommes et du Québec d’alors. Il est tout de même étonnant qu’il n’y ait pas eu avant aujourd’hui une véritable biographie de Garneau qui, après avoir publié en 1937 son unique recueil, Regards et jeux dans l’espace, à l’âge de vingt-cinq ans, cessa d’écrire, quitta ses amis et mourra d’une syncope cardiaque six ans plus tard. Michel Biron le reconnaît dans l’avant-propos : « comme si on préférait entretenir le mystère de son...

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Un vent de novembre

Signe de paix

De Beyrouth à Parisde Damas à Bamakon’est-ce pas le même air de novembrequi répand sur les corpsle chaud et le froidl’amour et la haine Du désert à la merle ciel et l’enfer se croisentpour quelle victoire Qu’est-il arrivé au vent du sudpour qu’il apporte la mort au nordil s’est levé plein de vie à l’estcomment s’est-il couché à l’ouestdans le sang et les larmes Des victimes jonchent les rueséchouent sur les plagesn’étaient-elles pas habitéesdu même souffle Quel coursier en furies’envole du fond de l’Orientlaissant une poussière de pétrolequi colle à la peaudes pays démembrés Où se cache la brise légèrequi panse les plaies de l’âmeson eau vive qui désaltèredu mal de vivredes pertes de l’exil Arrivés nus sur cette terredans une nuit pleine de trousnous résistons à la bourrasqueet dressons bien hautsur le mât de l’espérancel’oriflamme de la paix durable 

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Élégie au petit Aylan

Petit Aylan

 Petit garçon couché sur le ventre,si semblable à mon bambin d’hier,quand ses doigts tachés d’encredessinaient la terre et la mer,un jardin de rêves à cultiver. De quel carré de sable es-tu le jeu,que tu apparaisses seul sur la plagedans ce lit mouillé qui n’est pas le tien,en quête de maison et de pays? Le grand large a pris ton dernier souffle,les vagues ont bercé ton corps silencieux,tel Ulysse reposant à côté du sommeil. L’eau salée s’est retirée avec la marée,larmes amères sur les plaies de l’histoire.Elle t’a laissé tes vêtements et tes souliers,pour que tu te lèves en un éclair à l’aube,que tu naisses tout sourire dans l’éternité. Ta photo-icône remue les peuples,ouvre les consciences et les frontières,rapproche les pas qui s’éloignaient du cœur,réveille cette part d’enfance permanente,latente en nos solitudes blessées. L’image inouïe nous suit dans la nuit éteinte.La mise au monde reste cachée à nos yeux,se fait entendre en résonance dans l’espace,familles d’accueil, visages...

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Un chien et son maître

Ecole des chiens

Daniel Guénette, L’école des chiens, Montréal, Triptyque, 2015, 268 pages. Attristé par la perte de mon Tom (voir le billet du blogue C’était un bon chien), L’école des chiens a été un baume sur mon deuil. Ce beau récit du poète Daniel Guénette évoque, avec pudeur et humilité, les onze années vécues auprès de Max qu’il a dû faire euthanasier à cause d’un cancer. Ils sont rares de tels livres qui traitent si tendrement de la relation entre un homme et son animal de compagnie. Ça parle de vie et de mort, d’attachement et d’amitié, d’enfance et de solitude. « Parce que c’était lui, parce que c’était moi. Je lui ai donné, il m’a remis au centuple. Il est venu et j’ai vécu, autrement, beaucoup mieux » (p. 87).  L’auteur apprivoise lentement son deuil en remontant le fil des souvenirs et des promenades, un peu à la manière de Jean-Jacques Rousseau. L’ami...

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Mon parcours de vie à Un coeur qui écoute

Je vous partage cette vidéo de 26 minutes sur mon parcours de vie à Un coeur qui écoute le 20 octobre 2014. L'émission a été préparée d'une manière très professionnelle par toute une équipe de KTO. Merci spécial à Joseph Vallançon et Emmanuel Querry, ainsi qu'à l'animateur Hubert de Torcy qui porte bien le titre de l'émission par sa manière attentive de poser les questions. Je connaissais l'émission sur Internet et j'ai souvent fait de belles découvertes. Je trouve qu'il y a très peu d'émissions où l'on prend le temps d'écouter un témoin de la foi sans l'interrompre, de faire le tour de sa vie en une trentaine de minutes avec simplicité et profondeur. Le cadre sobre et le ton intime servent bien au partage de la spiritualité dans notre monde en quête de sens. Un beau moment d'intériorité, ce qui est trop rare à la télé.  Voici ce que l'on a écrit...

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Nos frères les oiseaux

Mesange

Après un long hiver, nos frères les oiseaux nous reviennent de partout. En les regardant voler, en les entendant chanter, même très tôt le matin, je me dis que Dieu a créé les oiseaux pour sa joie et la nôtre. Au premier chapitre de la Genèse, le souffle de Dieu tourne sur les eaux comme un battement d’ailes. Après avoir créé la lumière, le firmament et la terre, il invente les arbres, puis les oiseaux d’un mouvement de sa paupière. Il fait chanter les arbres en y mettant les oiseaux de toutes les espèces. Jésus reconnaît la poésie qui éclate dans un vol d’oiseaux. Il nous invite à les regarder pour être libres comme eux, sans trop s'inquiéter du lendemain. « Regardez les oiseaux du ciel : ils ne font ni semailles ni moisson, ils ne font pas de réserves dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup...

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Rêveries au Pont d'Oye

Reveries

Mon 20e recueil de poésie Rêveries au Pont d'Oye suivi de Métamorphose de la chair vient de paraître aux éditions du Noroît. Écrit sous forme de proses, il est le fruit d'une résidence d'écriture que j'ai effectuée en août 2011 avec d'autres auteurs au Château du Pont-d’Oye dans le sud de la Belgique. À la veille du lancement à la librairie Le Port de tête de Montréal, je vous partage quelques poèmes de la première partie qui est divisée selon les quatre éléments: terre, eau, feu, air. J'ai également partagé sur ce blogue des textes de la deuxième partie, Métamorphose de la chair, où j'évoque l'horreur des camps de concentration, surtout Austchwitz, pour ouvrir à la possibilité d’une résilience.  Nous ne reviendrons plus sur ces terres du bas-pays, le soleil nous attend ailleurs, au grand vent de l’esprit qui siffle entre nos dents. Nous reprenons l’exode, la bannière des écrivains prodigues. Donnez-moi la main que je vous...

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Petit dictionnaire de Dieu

Petit dictionnaire de Dieu

Je vous partage l'introduction de mon nouveau livre Petit dictionnaire de Dieu, publié chez Novalis et diffusé en France et l'Europe francophone par les éditions du Cerf.   Dans La poétique de la rêverie, Gaston Bachelard confesse que « c’est toujours un dur métier que celui d’écrire un livre. On est toujours tenté de se borner à le rêver. » Il me semble que cela est encore plus vrai pour l’écriture d’un dictionnaire. Ce voyage alphabétique peut devenir une caverne d’Ali Baba aux entrées imprévisibles, un bric-à-brac de mots aimés, une écriture en forme de collage, à l’image de notre monde morcelé. Alors, imaginez lorsque le sujet n’est nul autre que Dieu, cela suppose tout un assemblage. Si Dieu est incompréhensible de nature, les mots et les idées ne manquent pas pour parler de lui. Mais gare aux idoles ! De la racine indo-européenne dei qui signifie « briller », le mot « Dieu » est lié aux notions de...

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Mémoire de l'Holocauste

Auschwitz
Auschwitz 2

Le 27 janvier est la journée mondiale pour commémorer l'holocauste et prévenir les crimes contre l'humanité. C'est un 27 janvier que le camp d'Auschwitz-Birkenau a été libéré par l’Armée rouge en 1945. Il y a eu plus d'un million de victimes à ce camp d'extermination. L’horreur de la Shoah demeure une honte pour l’humanité. Il ne faut jamais oublier.  Pour continuer à garder vivante la mémoire de cette tragédie, je vous partage ces extraits de mon recueil Rêveries au Pont d'Oye, suivi de Métamorphose de la chair. Métamorphose de la chair, les corps entassés comme du pain dans les fours. Des millénaires d’évolution pour en arriver là : se tenir debout, inventer les outils, habiter le territoire, fonder la fraternité. À Auschwitz, on ramasse les cheveux et les dents en or. Pour le reste… Les déportés se voient dans le regard horrifié des autres. Ils créent un langage pour toucher l’Autre qui se tait. Ce...

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Mon blogue, déjà un an

Servir

Le 20 novembre 2012, j'arrivais dans la blogosphère en publiant mon premier billet: Commencement. J'avais écrit: "Ce blogue est hébergé sur mon site Web. On verra bien à l'usage quelle direction il prendra, quel sera sa couleur, sa musique". Un an plus tard, après 130 billets, je peux dire que mon blogue a pris des directions inattendues, selon l'actualité, mais il a toujours gardé la couleur de l'Évangile et un parfum qui est le mien, aux effluves plus poétique, spirituel. Les sujets n'ont pas manqué: la tuerie de Newtown, les pensionnats autochtones, la renonciation de Benoît XVI et l'élection de François, l'horreur au marathon de Boston, les JMJ de Rio, la charte des valeurs et de la laïcité. Plusieurs de ces billets furent repris dans les journaux comme Le Droit et Le Devoir. S'il arrive qu'un texte soumis ne soit pas publié, je sais qu'il le sera sur mon blogue. C'est là un...

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22 juillet: Poème à Marie Madeleine


Matin de l’ange à la pierre tournée,  ô toi soleil sur la rosée!As-tu rencontré Marie-Madeleine,foulant en hâte le chemin de Pâques,parfum qui s’échappe du tombeaupour embaumer son Bien-Aimé? Porte ouverte à la flamme du printemps,ô toi jardinier sur la brèche!As-tu saisi les pleurs de l’amoureuse,mendiant le corps de l’amourqui s’élance au battant de son désirpour être nommé par son nom? Lumière enfouie à l’intérieur,ô toi silence sur le cœur!A-t-elle revu sa beauté en toi,laissant l’espace à ta présencequi se cache derrière sa douleurpour renaître d’eau et d’esprit? Frisson offert à l’étreinte,ô toi parole sur le sang!A-t-elle baigné ses yeux dans les tiens,retenant tes pieds à la terrequi s’esquivent vers l’autre ailleurspour monter au pays du Père? Jacques Gauthier, Prières de toutes les saisons, Bellarmin/Parole et Silence, p. 92.

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Quand prière et poésie s'embrassent


Quelle a été la première prière de l’humanité? Demande ou louange, personnelle ou communautaire, autour du feu ou au moment de la mort? Qui pourrait le dire? Par contre, les textes des civilisations les plus anciennes ont souvent été des prières. Qu’on pense aux hymnes rituels inscrits sur du papyrus de l’Égypte antique. L’acte de prier provoque une parole qui s’exprime dans toutes les langues, souvent de manière poétique et symbolique. Les plus belles prières sont souvent de remarquables poèmes que l’on retrouve dans les religions et sagesses. Le poète Novalis écrivait : « Le sentiment universel de piété a donné la prière, et celle-ci produit de la religion ». Des expressions du désir Mais prière ne rime pas nécessairement avec poésie, même si elles sont des expressions du désir. Le travail sur le langage n’est pas le même, le rythme des mots et le sens du texte diffèrent. La prière puise à une...

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Actualité de Thérèse de Lisieux




Qu’on l’appelle Thérèse Martin, sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, Thérèse de Lisieux, la petite Thérèse, on parle toujours de la même personne. C’est la sainte des petits pas, des recommencements, l’enfant chéri du monde et de l’Église. "L'âme de Thérèse de Lisieux est une petite fille qui tire Dieu par la manche", écrit Christian Bobin dans Les ruines du ciel. Peu de temps avant sa mort le 30 septembre 1897, à l’âge de 24 ans, elle avait prophétisé : « Vous verrez, tout le monde m’aimera ». Le temps lui a donné raison, surtout lorsqu’on voit l’immense succès de la pérégrination de ses reliques à travers le monde. J’en fus témoin au Québec pendant un mois à l’automne 2001. Elle qui voulait passer son ciel à faire du bien sur la terre et jeter une pluie de roses après sa mort tient promesse.   On peut se poser la question : Comment se fait-il que Thérèse de Lisieux...

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Poèmes en prose: le parfum


Cette suite de poèmes en prose est parue sous le titre, "Ce ciel enfermé dans l'âme", revue Moebius 137, Montréal, mai 2013, p. 27-30. Ce numéro, piloté par Jean-Paul Daoust, est consacré au parfum.   Un matin de brume le jour dessine l’étang. Le soleil entre par la bouche, hésite sur la pente où je cours comme un lièvre vers l’inconnu pour me baigner dans ses eaux sombres. Le sanglier introuvable cache le sentier, masque l’odeur de résine du bois. Je bénis le sol avec mes pieds nus, retrouvailles de la terre et de la pierre. Ce que je vois ne correspond à nulle carte. Il est bon de se perdre dans les sentiers ombreux d’un pays à deviner.   Les narines du chien se dilatent aux abords du marais tourbeux. Une libellule se fige sur ma main. Le soleil habille la vigne de sa clarté. À son ombre, la terre donne son...

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Le tendre Georges Moustaki


Georges Moustaki, chanteur français d’origine grecque, est mort le 23 mai à l’âge de 79 ans. Éternel rêveur et grand voyageur, il aura chanté la liberté, la solitude, la mer, surtout l’amour, d’une voix douce et tendre. Il aura pris le temps de vivre, revendiqué le droit à la paresse, déclaré l’état de bonheur permanent. Le métèque, qui n’était jamais seul avec sa solitude, a quitté ce jardin qu’on appelait la terre pour d’autres cieux. Il s’en est allé serein, emportant dans sa besace le grand amour qu’il portait à l’humanité : « Et nous ferons de chaque jour toute une éternité d’amour que nous vivrons à en mourir ». Ses chansons cool au style fluide ont bercé mon adolescence et mis un peu de poésie dans ma quête de sens et de liberté. Enfant, je me souviens d’un matin où Piaf chantait Milord dans ma chambre ensoleillée, premier tube de Moustaki. Le coup...

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Décès du poète Clément Marchand


Le poète-journaliste-éditeur Clément Marchand est décédé le 22 avril à l’âge de 100 ans. Il a tourné la dernière page de sa vie la veille de la Journée mondiale du livre. Les livres le passionnaient. Il pouvait parler pendant des heures des auteurs qu’il aimait, sans être pédant. Sa culture immense, à l’image de son humanisme, séduisait. À côté de ce monument littéraire, on se sentait intelligent, parce qu’il nous élevait quand il parlait et qu’il respectait ce qu’on lui disait. Lauréat de deux prix David pour des recueils de poèmes, il avait côtoyé Nérée Beauchemin, Alfred Desrochers, Claude-Henri Grignion, édité Félix Leclerc, Gérald Godin, Alphonse Piché. Je l’ai souvent rencontré aux éditions du Bien Public à Trois-Rivières et à l’imprimerie attenante à son bureau. On imprimait encore sur plomb. L’odeur de l’encre se mêlait au bruit des machines. Il m’accueillait les bras ouverts, parfois me faisait attendre, et on terminait...

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Journée mondiale de la poésie


21 mars, journée mondiale de la poésie. Pourquoi? Parce que la poésie est inutile comme l'amour, la beauté, l'art, donc nécessaire pour vivre. Ce n'est pas rentable et productif, sauf pour alerter les injustices, éveiller à la beauté, résister contre toute espérance. Poésie: lucidité d'une conscience, un souffle qui veut durer. Nous en avons bien besoin aujourd'hui. Pour vous accompagner en ce début de printemps, voici un peu de mon "art poétique", texte que l'on retrouve à la fin de mon recueil La vie inexprimable. Accompagnement Il me semble que « la vie inexprimable » de René Char, neuve et merveilleuse, renvoie comme en écho à la « vraie vie » de Rimbaud, à cet ailleurs rêvé dans l’absence, forme supérieure de présence : « J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexprimable. Je fixais des vertiges » (Une saison en enfer). Le poète reste imbibé de cette vie offerte au grand vent que le mouvement manifeste plus...

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