Avez-vous peur de mourir, ou d'une manière plus générale, de la mort elle-même? Toute une question! Le cinéaste Woody Allen y allait de cette pirouette : « Je n'ai pas peur de la mort, je désire seulement ne pas être là quand elle viendra.»
Une amie atteinte d’une maladie incurable me demandait l'autre jour pourquoi elle avait peur de mourir. Quoi répondre à cette question si personnelle et légitime qui nous projette devant l’inconnu? Nous ne connaissons pas grand-chose de la mort, ce passage obligé et mystérieux. Nous pouvons accompagner la personne, compatir à son angoisse, mais elle reste seule face à la souffrance et à la mort.
De la peur à la confiance
Il faut un certain courage pour admettre qu’on a peur de mourir. Cette crainte révèle notre finitude et notre vulnérabilité. Elle indique le travail intérieur que nous avons à faire pour avancer sur le chemin de la confiance, surtout quand la souffrance nous submerge de partout. À l’agonie, Jésus dira : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux. » (Matthieu 26, 39)
Que nous soyons croyants ou non, la souffrance et la mort ne s’apprennent pas. Il n’y a pas de mode d’emploi qui nous explique comment souffrir et mourir. Au fond, nous ne savons rien, sinon un visage de bonté révélé dans l’Évangile, une présence d’amour caché au fond de l’âme, un nom sauveur murmuré en silence : Jésus. Sa croix nous porte, son amour nous réconforte, sa prière nous élève. En regardant le crucifix, tout est dit. Telle est la foi chrétienne. Toutefois, cela n’est pas nécessairement facile pour autant.
Dieu seul connaît l’heure de notre mort. D’ici là, nous avons sans cesse à accomplir des actes de foi, d’espérance et d’amour. Devant la peur, le Christ nous convie à renouveler notre confiance en sa miséricorde. Tout au long du carême, et surtout de la Semaine sainte, nous le voyons souffrir avec nous pour que nous ressuscitions avec lui. Ce temps de conversion invite à lâcher-prise, à accepter de ne pas tout maîtriser, à faire confiance, à vivre dans la volonté du Père.
S’abandonner comme un enfant
La mort m’a longtemps troublé par son absurdité. Pourquoi vivre si c’est pour mourir? Jusqu’au jour où, autour de la quarantaine, j’ai souffert d’une pneumonie sévère. Je me suis alors tourné vers sainte Thérèse de Lisieux. Elle m’a aidé à m’abandonner au Seigneur avec confiance, à recevoir ma mort comme une grâce. En l’acceptant, j’ai commencé à vivre.
S’abandonner, « comme un enfant s’endort sans crainte dans les bras de son père », écrit Thérèse, est une attitude centrale à développer devant la mort. La sainte de Lisieux proposait une petite voie de sainteté où il suffit de prendre l’ascenseur de l’amour que sont les bras de Jésus. Il ne s’agit pas de vouloir être grand et fort, mais de reconnaître sa petitesse et sa faiblesse, de se laisser porter par Jésus qui a souffert et qui a vaincu la mort par sa croix et sa résurrection.
Mon témoignage a consolé mon amie, même si le combat qu’elle menait contre la maladie semblait au-dessus de ses forces. Je l’ai invité bien humblement à prier avec son cœur, à réciter le chapelet, à penser à son ange gardien. Il a pour mission de nous assister à l’heure de notre départ, de porter notre dernier souffle vers le Père de toute tendresse.
La bienheureuse Marie-Léonie Paradis (1840-1912) considérait la mort comme une délivrance, une offrande, l’occasion de nous unir à Dieu. Elle lui disait en toute simplicité : « Mon Dieu, que ma mort vous adore ; que l’acceptation volontaire, libre et pleine d’amour que j’en fais vous soit agréable. »
Que de saisons pour apprendre à vivre et à mourir, à prier et à aimer ! Que de passages pour assumer sa propre naissance et advenir à son humanité ! La foi chrétienne nous dit que Dieu a pris le risque de l’amour en prenant chair de notre chair pour que nous accédions à sa naissance en nous par la mort et la résurrection de son Fils.
Mourir dans le Christ nous donne de voir Dieu. Ainsi, nous pouvons reprendre le Cantique de frère Soleil, de saint François d’Assise : « Loué sois-tu, mon Seigneur, pour notre sœur la mort corporelle ».
Prière
Marié et père de famille, poète et essayiste, son oeuvre comprend plus de 80 livres, parus au Québec et en Europe, et traduits en plusieurs langues. Il a enseigné vingt ans à l'Université Saint-Paul d'Ottawa. Il donne des conférences et retraites que l'on retrouve dans sa chaîne YouTube. Pour en savoir plus: Voir sa biographie.
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