Comme je vous ai aimés
Qu’il est difficile d’aimer, chante Gilles Vigneault. Nous en faisons l’expérience tous les jours dans nos relations. Pourtant, notre coeur n’est-il pas fait pour cela, aimer ? Le nouveau-né qui est privé d’affection peut se laisser mourir. C’est le besoin le plus fondamental de notre être : aimer et être aimé.
Jésus a fait de l’amour fraternel son testament, un secret qu’il nous laisse avant de partir pour que nous vivions heureux: « aimez-vous les uns les autres ». Ce message est toujours d’actualité, même si amour rime souvent avec souffrance.
Comment aimer ?
L’amour ne se commande pas. D’ailleurs, n’est-ce pas naturel d’aimer, puisque nous sommes créés à l’image d’un Dieu qui n’est qu’Amour ? Pourtant, Jésus nous commande d’aimer ; il parle même d’un commandement nouveau. Oui, nouveau, car Jésus nous demande d’aimer comme il a aimé. C’est le « comme » qui fait toute la différence. Ce n’est pas le pourquoi aimer qui intéresse Jésus, mais le comment : « comme je vous aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres » (Jean 13, 34). Tout un programme, n’est-ce pas !
Aimer est déjà exigeant, est-ce possible d’aimer comme Jésus a aimé ? Ne nous demanderait-il pas quelque chose d’impossible ? Une jeune femme de désir, Thérèse de l’Enfant-Jésus, se posait cette question dans son carmel de Lisieux. Elle y répond avec audace et confiance : « Ah ! Seigneur, je sais que vous ne commandez rien d'impossible, vous connaissez mieux que moi ma faiblesse, mon imperfection, vous savez bien que jamais je ne pourrais aimer mes sœurs comme vous les aimez, si vous-même, ô mon Jésus, ne les aimiez encore en moi. C'est parce que vous vouliez m'accorder cette grâce que vous avez fait un commandement nouveau » (Voir Dix attitudes intérieures. La spiritualité de Thérèse de Lisieux).
N’est-ce pas là un grand désir de Jésus que nous le laissions aimer à travers nous ? Dans ce dessein, il a besoin de nos mains, nos pieds, nos lèvres, notre coeur. Cela demande une grande disponibilité à son Esprit Saint, un abandon confiant à son action en nous, puisque nous sommes trop imparfaits pour aimer comme lui nous a aimés. Mais c’est justement à cause de nos faiblesses qu’il peut faire des merveilles. Dans son Cantique spirituel, Saint Jean de la Croix nous rappelle que le plus petit mouvement de pur amour est plus utile que toutes les œuvres réunies ensemble.
Un amour qui se donne
Les évangiles nous montrent de quel amour Jésus parle lorsqu’il nous demande d’aimer. Un amour miséricordieux qui accueille l’enfant prodigue, qui pardonne au larron, qui ne juge pas; un amour compatissant qui guérit les démunis, qui croit en l’autre, qui partage le pain de l’amitié; un amour qui nous relève de nos tombeaux, nous ouvre l’avenir, nous rend libres; un amour qui est divin parce que profondément humain.
Aimer, c’est tout donner et se donner soi-même, disait Thérèse de Lisieux, mais à la manière de Jésus. Le chemin reste à faire, comme à Emmaüs. Nous ne marchons pas seuls. Le Ressuscité se donne à travers nos sourires, nos larmes, nos paroles, nos gestes, ce que Thérèse appelle les « petits riens ». C’est à ce signe de l’amour qui se donne au jour le jour qu’on nous reconnaîtra pour les amis et les disciples de Jésus.
À propos de l'auteur
Marié et père de famille, poète et essayiste, son oeuvre comprend plus de 80 livres, parus au Québec et en Europe, et traduits en plusieurs langues. Il a enseigné vingt ans à l'Université Saint-Paul d'Ottawa. Il donne des conférences et retraites que l'on retrouve dans sa chaîne YouTube. Pour en savoir plus: cliquer sur l'onglet Biographie.
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