Le blogue de Jacques Gauthier
École de prière (21) Présence de Dieu et dialogue interreligieux
Le 9 août 2013, le pape François écrivait sur Twitter: « Nous sommes tous des vases d’argile, fragiles et pauvres, mais dans lesquels se trouve le trésor immense que nous portons ». Ce trésor, n’est-ce pas la présence de Dieu ? Que nous soyons conscients ou non de sa présence, « c’est en lui qu’il nous est donné de vivre, de nous mouvoir, d’exister » (Actes 17, 28). Nous retrouvons cette présence de Dieu chez tous les êtres humains, puisque nous sommes ses enfants, créés à son image et à sa ressemblance.
Dieu est présent en nous comme un grand amour, ici et maintenant. Le croyant nomme cette présence de différents noms, selon sa religion. Mais ce qui différencie surtout le croyant du non-croyant, c’est qu’il expérimente la présence de Dieu comme une réalité intérieure, bienfaisante, qui rejoint son cœur et le transforme progressivement. On pourrait dire également que l'attachement au Christ est ce qui caractérise le chrétien des autres croyants
L'esprit d'Assise
Le sentiment de la présence intérieure de Dieu se vit surtout dans la prière qui est une rencontre d’amour et une quête du visage de Dieu. « C’est ta face, Seigneur, que je cherche : / ne me cache pas ta face » (Psaume 26 (27) 9). Dieu nous appelle simplement à nous tenir en sa présence, le cœur ouvert, tout en lui disant, à l’exemple du Frère Roger de Taizé : « Donne-moi de vivre de toi, rassemble mon désir et ma soif »
Cette expérience d’intériorité peut se vivre avec des croyants d’autres religions. On se souvient que le 27 octobre 1987, Assise fut le lieu d’une première rencontre historique où Jean Paul II avait invité des représentants de diverses religions afin de prier pour la paix. Il est venu 150 représentants des religions du monde, réunis ensemble pour prier, chacun leurs manières, en cohérence avec leurs croyances. Ils ont demandé le don de la paix. Il y a eu par la suite d’autres rencontres interreligieuses, de ce qu’on appelé « l’esprit d’Assise », faisant écho au désir si cher de saint François : « Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix. Là où est la haine, que je mette l’amour. »
L'école de Tibhirine
Rien de mieux que le silence et la prière pour unir les cœurs dans la paix. Il me semble que le dialogue interreligieux commence là, dans cette capacité à prier ensemble, chacun son Dieu, dans le respect des différences, comme l’ont fait les moines de Tibhirine avec les musulmans d’Algérie. Rappelez-vous le beau film Des hommes et des dieux. Si Dieu est présent, c’est qu’il l’est aussi en l’autre, et nous nageons tous ensemble dans sa rivière, car l'eau n'est pas chrétienne, hindoue, musulmane, elle est de Dieu. Cette expérience spirituelle du priant nourrit le dialogue.
Dans la prière, nous nous ouvrons au désir de Dieu dès le matin en étant présent à sa présence avec tout notre désir. « Et moi, par ta justice, je verrai ta face / au réveil, je me rassasierai de ton visage » (Psaume 16 (17) 15). Cela nous dispose à la rencontre de l'autre, au dialogue, à l'hospitalité, sachant que l'autre qui m'ouvre sa porte, ou que je lui ouvre la mienne, a quelque chose de bon à dire.
"La foi n’est pas intransigeante, mais elle grandit dans une cohabitation qui respecte l’autre. Le croyant n’est pas arrogant; au contraire, la vérité le rend humble, sachant que ce n’est pas lui qui la possède, mais c’est elle qui l’embrasse et le possède. Loin de le raidir, la sécurité de la foi le met en route, et rend possible le témoignage et le dialogue avec tous". (Pape François, La lumière de la foi, no 34)
La prière, qu’elle soit silencieuse ou vocale, solitaire ou communautaire, jaillit d’abord du cœur pour rejoindre tous les humains. Nous prions pour eux et avec eux, les rencontrant dans cet espace de foi qui accueille l'autre pour ce qu'il est, comme Jésus l'a fait avec la Samaritaine. C’est la foi et l’amour que nous mettons dans la prière qui rend celle-ci universelle et qui touche Dieu. Nous ne sommes pas toujours attentifs à sa présence en nous, mais nous avons l’intention de l’être, et cela suffit.
Texte publié en partie dans La vie est belle, mars 2014, p. 42.
À propos de l'auteur
Marié et père de famille, poète et essayiste, son oeuvre comprend plus de 80 livres, parus au Québec et en Europe, et traduits en plusieurs langues. Il a enseigné vingt ans à l'Université Saint-Paul d'Ottawa. Il donne des conférences et retraites que l'on retrouve dans sa chaîne YouTube. Pour en savoir plus: Voir sa biographie.
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