Le blogue de Jacques Gauthier
École de prière (26) La liturgie, mémoire de l'Église
Vous ai-je déjà dit que l'Avent est le temps liturgique que je préfère? La prière proposée par l'Église est faite de désir, d’attente et d’espérance. "Viens, Seigneur Jésus"! Cela montre bien que la liturgie est mémoire de l’Église, tradition vivante de la Parole, identité du chrétien.
En faisant mémoire de la parole de Dieu, le silence n’est pas vide et l’espérance se transmet à même la mémoire de nos pères et mères dans la foi : « Voici venir des jours où j’accomplirai la promesse de bonheur » (Jérémie 33, 14).
L’Avent m’invite à passer du besoin illusoire qui ne comble pas au désir d’aimer qui fait vivre. Je trouve là mon identité profonde d’enfant de Dieu, créé à son image et à sa ressemblance.
Le corps priant de l’Église
Dans nos sociétés occidentales, la personne est souvent figée dans l’instant, sans mémoire, coupée de ses racines, ignorant son histoire, incapable de se projeter dans l’avenir. La liturgie lui donne des repères. Elle puise dans le passé pour l’enraciner dans le présent et lui donner des forces pour bâtir l’avenir. Nous ne sommes pas à la recherche du temps perdu, mais du Dieu venu dans le temps. Le temps devient liturgique : temps de la prière, de l’intériorité, de l’action de grâce, de la contemplation.
La liturgie est le corps priant et célébrant de l’Église. Elle est le lieu de notre réponse à Dieu. L’univers liturgique, avec ses rites et ses sacrements, ses paroles et ses gestes, ses chants et ses silences, permet à la communauté d’être en contact avec la parole de Dieu qui nourrit, pardonne, sauve. Dans les célébrations liturgiques, tout doit exprimer la beauté : l’architecture, les icônes, les vitraux, les statues, l’encens, la musique… Cette beauté devient chemin de l’Esprit pour aller au Christ qui renvoie au Père. C’est lui, le Seigneur, qui transfigure, comme le dit si bien Paul : « Et nous tous qui, le visage découvert, réfléchissons comme en un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en cette même image, allant de gloire en gloire, comme de par le Seigneur, qui est Esprit » (2 Corinthiens 3, 18).
L’aujourd’hui du salut
La liturgie est l’aujourd’hui du salut de Dieu qui se réalise dans le temps. Dieu se vit aujourd’hui, pas hier ni demain, car l’amour est présent. Prier, c’est s’ouvrir à la présence de Dieu en étant présent à soi-même aujourd’hui. Dieu se donne dans la plénitude du moment, d’où l’importance d’habiter son cœur et de vivre l’instant présent, tel qu’il se présente à nous, dans sa beauté comme dans sa laideur.
Il s’agit toujours de laisser Dieu être Dieu en le laissant naître au creux de notre désir, lui qui un jour s’est fait petit enfant en naissant dans une crèche. La prière préside à cette transformation intérieure où nous sommes constamment en train de naître, de vivre et d’aimer. La nuit de Noël nous le rappelle. Depuis que Dieu s’est fait homme à Bethléem, la prière renouvelle notre mémoire, nos traditions, notre identité. Le Père nous communique sa vie intime en nous donnant son Fils. Par lui, avec lui et en lui, nous naissons à la vie éternelle.
Le texte est d'abord paru dans le magazine La vie est belle, décembre-janvier 2014, p. 22.
Pour aller plus loin, voir mon Guide pratique de la prière chrétienne.
À propos de l'auteur
Marié et père de famille, poète et essayiste, son oeuvre comprend plus de 80 livres, parus au Québec et en Europe, et traduits en plusieurs langues. Il a enseigné vingt ans à l'Université Saint-Paul d'Ottawa. Il donne des conférences et retraites que l'on retrouve dans sa chaîne YouTube. Pour en savoir plus: Voir sa biographie.
Derniers articles de cet auteur
Sur le même sujet:
En acceptant, vous accéderez à un service fourni par un tiers externe à https://www.jacquesgauthier.com/
Commentaires