Jésus raconte une parabole à l’intention de ceux qui étaient convaincus « d’être justes et qui méprisaient les autres » (Luc 18, 9). Elle vient après la parabole de la veuve qui demande avec insistance qu’un juge lui rende justice. Jésus conclut en exhortant ses disciples à prier sans se lasser : « Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? » (Luc 18, 7) Le thème de la prière relie donc ces deux paraboles. 

Prier mains

Dieu seul justifie

Jésus met en scène deux hommes qui prient au Temple : l’un est pharisien, l’autre est publicain. Le pharisien se tient debout et il dresse à Dieu le catalogue de ses vertus. Il se vante de jeûner deux fois la semaine et de donner le dixième de ses gains. Ses efforts sont respectables et son attitude semble exemplaire. « Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. » (Luc 18, 11). Pourtant, Jésus lui reproche son autosatisfaction et son mépris du publicain.  

De son côté, l’activité du publicain n’est pas très recommandable. Collecteur d’impôts à la solde des Romains, il garde un surplus pour lui-même. Il est considéré comme un pécheur public, d’où l’exclusion de la communauté religieuse. Il sait qu’il s’égare loin de Dieu en agissant ainsi. Il se tient donc à distance dans le Temple, n’osant même pas lever les yeux vers le ciel. Dans sa détresse, il appelle au secours en se frappant la poitrine : « Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis ! » (Luc 18, 13) 

Le pharisien ressemble au fils aîné de la parabole de l’enfant prodigue. Comme lui, il se croit en règle avec Dieu. Tout le contraire du publicain qui se sent pécheur. Il invoque la miséricorde divine, comme Zachée, le bon larron, Marie-Madeleine. « Un pauvre crie; le Seigneur entend » (Psaume 33, 7) 

Jésus déclare que c’est le publicain qui est justifié, plutôt que l’autre, car « qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. » (Luc 18, 14). Tel est le chemin que Jésus a pris par amour et qui culmine pour nous dans la foi en sa résurrection : « Il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom. » (Philippiens 2, 8-9)

L’humble prière du cœur

Par cette parabole, Jésus montre que la prière qui plaît à Dieu jaillit du cœur. Elle est humble et vraie, confiante et constante. Un seul cri suffit pour toucher le cœur de Dieu. L’humble prière donne l’audace d’accueillir les blessures et les faiblesses comme une grâce, de communier à l’amour de Dieu qui s’abaisse pour élever le pécheur.

Le pharisien prie comme si Dieu est à sa merci. Il lui rend grâce, mais il ne lui adresse aucune demande. Il se suffit à lui-même. Trop imbu de sa personne, il n’y a aucun espace vide en lui pour Dieu. Il lui manque l’humilité, qui est de tout attendre de Dieu et de reconnaître que tout vient de lui. 

Ignace de Loyola disait : « Agis comme si tout dépendait de toi. Prie comme si tout dépendait de Dieu ». Jésus nous invite à persévérer dans la prière, sans se décourager. Tel est aussi le propos de plusieurs figures de l'Ancien Testament comme Ben Sirac le Sage : « La prière du pauvre traverse les nuées ; tant qu’elle n’a pas atteint son but, il demeure inconsolable. Il persévère tant que le Très-Haut n’a pas jeté les yeux sur lui » (Siracide 35, 21)

Prière

Jésus, tu reproches au pharisien sa suffisance, 
tu bénis le publicain qui reconnaît son indigence. 
Aie pitié de nous quand nous fermons les yeux
pour te prier en toute simplicité et vérité. 
 
Tu t’es abaissé par amour jusqu’à la croix,
que ta soif nous inspire à te donner nos soifs, 
à nous abandonner en toute confiance au Père,
avec notre incapacité à te prier comme il faut.
 
Devant la mort, nous implorons ta miséricorde.
Ne repousse pas notre esprit humilié.
Brûle-nous du feu de ton amour infini
qui nous fait goûter la joie de ton pardon.
 
Que notre volonté s’unisse à la tienne. 
Agis en nous pour la gloire du Père,
prie en nous par les dons de l’Esprit,
souffre en nous pour le salut du monde.
 
Aide-nous à accepter les autres, 
à les comprendre et à les aimer, 
pour que nous soyons unis entre nous 
comme tu l’es avec le Père et l’Esprit.

Lire aussi dans le blogue: L'humble prière ;   Prier sans se décourager.

Ma vidéo de 11 minutes, "Persévérer dans la prière", dans ma chaîne YouTube.