Les arbres dans ma cour
remontent l’horloge
observent les astres
 
Arbre
 
J’entends le poème
dans leurs feuilles
faire son nid
 
Saisir le mouvement
de la sève aux merles
tout au long du jour
 
En déchiffrer les mots d’amour
gravés sur l’écorce
percée d’une flèche
 
Je me figure la source
abreuver les racines
du sang même des amants
 
Le tronc est leur rempart
les jours de grand épuisement
quand les bras ne suffisent plus
 
Alors une présence prend forme
pose les fondations de la forêt
destinée à de hautes frondaisons
 
Elle me prend dans son terreau
avec la plus petite plante
promesse d’avenir
 
Je retourne à la terre
mon corps nourrit
l’arbre grandissant
 
Un souffle de fin silence, Montréal, Éditions du Noroît, 2017, p. 26. 

 

« Dans les bois se trouve la jeunesse éternelle. Parmi ces plantations de Dieu règnent la grandeur et le sacré, une fête éternelle est apprêtée, et l’invité ne voit pas comment il pourrait s’en lasser en un millier d’années. Dans les bois, nous revenons à la raison et à la foi. Là, je sens que rien ne peut m’arriver dans la vie, ni disgrâce, ni calamité que la nature ne puisse réparer. Debout sur le sol nu, la tête baignée par le sol joyeux et soulevée par l’espace infini, tous nos petits égoïsmes s’évanouissent. » 
Ralph Waldo Emerson, La Nature, 1836.
La citation est prise de l'article de Josée Blanchette, Le secret de la forêt, dans Le Devoir du 28 juillet 2017.