Cette suite de poèmes en prose est parue sous le titre, "Ce ciel enfermé dans l'âme", revue Moebius 137, Montréal, mai 2013, p. 27-30. Ce numéro, piloté par Jean-Paul Daoust, est consacré au parfum. Un matin de brume le jour dessine l’étang. Le soleil entre par la bouche, hésite sur la pente où je cours comme un lièvre vers l’inconnu pour me baigner dans ses eaux sombres. Le sanglier introuvable cache le sentier, masque l’odeur de résine du bois. Je bénis le sol avec mes pieds nus, retrouvailles de la terre et de la pierre. Ce que je vois ne correspond à nulle carte. Il est bon de se perdre dans les sentiers ombreux d’un pays à deviner. Les narines du chien se dilatent aux abords du marais tourbeux. Une libellule se fige sur ma main. Le soleil habille la vigne de sa clarté. À son ombre, la terre donne son...
Le blogue de Jacques Gauthier
Le poète-journaliste-éditeur Clément Marchand est décédé le 22 avril à l’âge de 100 ans. Il a tourné la dernière page de sa vie la veille de la Journée mondiale du livre. Les livres le passionnaient. Il pouvait parler pendant des heures des auteurs qu’il aimait, sans être pédant. Sa culture immense, à l’image de son humanisme, séduisait. À côté de ce monument littéraire, on se sentait intelligent, parce qu’il nous élevait quand il parlait et qu’il respectait ce qu’on lui disait. Lauréat de deux prix David pour des recueils de poèmes, il avait côtoyé Nérée Beauchemin, Alfred Desrochers, Claude-Henri Grignion, édité Félix Leclerc, Gérald Godin, Alphonse Piché. Je l’ai souvent rencontré aux éditions du Bien Public à Trois-Rivières et à l’imprimerie attenante à son bureau. On imprimait encore sur plomb. L’odeur de l’encre se mêlait au bruit des machines. Il m’accueillait les bras ouverts, parfois me faisait attendre, et on terminait...
21 mars, journée mondiale de la poésie. Pourquoi? Parce que la poésie est inutile comme l'amour, la beauté, l'art, donc nécessaire pour vivre. Ce n'est pas rentable et productif, sauf pour alerter les injustices, éveiller à la beauté, résister contre toute espérance. Poésie: lucidité d'une conscience, un souffle qui veut durer. Nous en avons bien besoin aujourd'hui. Pour vous accompagner en ce début de printemps, voici un peu de mon "art poétique", texte que l'on retrouve à la fin de mon recueil La vie inexprimable. Accompagnement Il me semble que « la vie inexprimable » de René Char, neuve et merveilleuse, renvoie comme en écho à la « vraie vie » de Rimbaud, à cet ailleurs rêvé dans l’absence, forme supérieure de présence : « J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexprimable. Je fixais des vertiges » (Une saison en enfer). Le poète reste imbibé de cette vie offerte au grand vent que le mouvement manifeste plus...
John Ronald Tolkien (1892-1973) a retrouvé un nouveau public grâce au réalisateur Peter Jackson. J’ai beaucoup aimé son adaptation de la trilogie Le Seigneur des anneaux, même si les nombreuses scènes d’action escamotent un peu la métaphysique de la quête, très présente dans le livre. Le premier film de la nouvelle trilogie du Hobbit a aussi connu un grand succès de salle, comme le deuxième volet, La désolation de Smaug, en tête du box office dès sa sortie. Pourtant, Peter Jackson dénature le roman original en y insérant une figure féminine importante, Tauriel, l'elfe rebelle. Qu'importe si les fans de Tolkien crient à l'hérésie, le succès du film va continuer à gonfler les ventes de ce livre. Le dernier film de la trilogie devrait paraître en décembre 2014. Mais l’écran ne remplace pas l’écrit; les supports sont trop différents. Pour goûter le souffle homérique de Tolkien, qui n’est pas...
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