La solennité de Tous les saints du 1er novembre me rappelle que plus on est humain, plus on est saint. Devenir humain est tout un art, imaginez devenir saint. Blaise Pascal en témoigne dans ses Pensées : « Pour faire d’un homme un saint, il faut bien que ce soit la grâce, et qui en doute ne sait ce que c’est que saint et qu’homme » (éd. Brunschvicg, no 508). Une œuvre de l’Esprit Devenir soi-même, devenir chrétien, devenir saint, c’est un tout. La sainteté est la libre réalisation de ce qu’il y a de meilleur en nous, de plus beau et de plus vrai. Certains diront que c’est de l’ordre du fantasme, loin du réel. Et si c’était notre vocation profonde, à la suite du Christ? Quel défi, nous rappelle le poète Pierre Emmanuel, qui écrit dans son Autobiographie : « Il est terrible d’être chrétien, et c’est l’agonie des plus grands saints que de penser qu’ils ne le sont...
Le blogue de Jacques Gauthier
Le 7 septembre 2019, le pape François confiait à des religieuses de Madagascar : « Thérèse m’accompagne à chaque pas et je veux en donner témoignage. Elle m’a enseigné à avancer, malgré mes douleurs. Mais c’est une amie fidèle et elle montre la route à suivre. » Dans l’exhortation apostolique « C’est la confiance », il témoigne de sa proximité avec Thérèse en misant avec elle sur la confiance en l’amour miséricordieux. Le titre reprend la phrase célèbre de la jeune carmélite : « C’est la confiance et rien que la confiance qui doit nous conduire à l’Amour » (1). François affirme que ces mots « résument le génie de sa spiritualité et suffiraient à justifier qu’on l’ait déclarée Docteur de l’Église » (2). À l’école de Thérèse depuis longtemps, il sait par expérience que « c’est la confiance qui nous permet de remettre entre les mains de Dieu ce que lui seul peut faire » (45). Ce texte d'une trentaine de...
Avant de passer de ce monde à son Père, Jésus ressuscité réunit une dernière fois ses Apôtres. Après leur avoir promis la force de l’Esprit, pendant qu’il les bénissait, « il se sépara d’eux et il était emporté au ciel. », d’après l’évangéliste Luc (24, 51). Il se soustrait à leurs yeux physiquement, mais non à leurs cœurs. Les disciples le verront autrement dans la foi. Présence du Ressuscité À l’ascension, le Ressuscité a ouvert les portes du ciel, ravivant l’espérance des chrétiens en la vie éternelle. Il est retourné à la droite du Père pour mieux nous prendre avec lui. Il est parti pour mieux revenir. Son arrivée auprès du Père est un nouveau départ pour ses amis qui se rassemblent en son nom. Le paradis n’est pas en dehors de nous, dans les nuages, mais à l’intérieur de nous. Il est une relation d’amour qui nous unit au Père. « Pourquoi restez-vous...
Thérèse Martin est née le 2 janvier 1873 à Alençon. Qu’on l’appelle la petite Thérèse, Thérèse de Lisieux ou Thérèse de l’Enfant Jésus, la « plus grande sainte des temps modernes » n’a pas fini de faire parler d’elle. Enfant chérie de l’Église et du monde, elle a dit peu de temps avant sa mort, le 30 septembre 1897 : « Vous verrez, tout le monde m’aimera. » Depuis, elle passe son ciel à faire du bien sur la terre. Canonisée en 1925, elle est déclarée patronne des missions deux ans plus tard, puis patronne secondaire de la France en 1944, avec Jeanne d’Arc. Reconnaissance de l’UNESCO L’État français, soutenu par l’Italie et la Belgique, a présenté la candidature de son illustre citoyenne à l’UNESCO afin de souligner en 2023 le 150e anniversaire de sa naissance. Ce sera aussi le 100e anniversaire de sa béatification, le 29 avril 1923. La Conférence des pays membres de...
Prédicateur! Ce mot désigne surtout un ecclésiastique dont la fonction principale est la prédication. C’est le titre qu’on m’attribue quand je « prêche » une retraite. Il arrive aussi qu’on m’appelle « mon père ». Quand on me demande de quelle congrégation je fais partie, je leur réponds en souriant : « De la congrégation des pères de famille ». (Photo prise à Paris durant la Semaine Thérésienne, le 30 septembre 2022) Une action de l’Esprit J’anime des retraites spirituelles depuis plus de vingt ans. Je vois ce ministère comme un fruit du concile Vatican II, une action de l’Esprit Saint, un prolongement de mon baptême. C’est une mission qui m’est confiée; on me demande et je dis « oui », dans la mesure du possible. Comme dit saint Paul : « c’est une nécessité qui s’impose à moi. Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! » (1 Corinthiens 9, 16) La fidélité à cet engagement n’est pas fondée sur le mérite ou...
Dans un article du blogue « En mission, à Paris », je vous parlais de mes appréhensions avant de partir pour la France du 19 septembre au 5 octobre. Eh bien! Je peux dire maintenant : Mission accomplie. Comme le disait si bien ma chère Thérèse de Lisieux : « Seigneur, tu as dépassé toutes mes attentes ». Je n’ai pas l’intention de dresser l’inventaire des grâces reçues, ce serait trop long, et puis c’est mon secret entre le Christ et moi. Il est vrai que je me suis abandonné à son action dès le début, mais je m’étonne toujours combien il s’occupe de nous quand on lui fait confiance. Une fois de plus, j’ai touché du doigt l’action de son Esprit en moi et chez les autres, soit lors des rencontres avec les médias, ou durant mes conférences à la Semaine Thérésienne et au Congrès Mission. Ça ne s’explique pas, ça se vit; je ne m’y...
Je ne compte plus mes voyages en France. J’ai été si souvent invité pour donner des conférences et des retraites, à partir de mes livres sur les âges de la vie, Patrice de La Tour du Pin, Thérèse de Lisieux, les saints, le Christ. J’ai relaté quelques-uns de ces périples dans mon blogue. Ma dernière « mission » remonte en décembre 2017, où je participais à un colloque international sur le père Henri Caffarel au Collège des Bernardins à Paris. Et comme c’est souvent le cas, un livre est paru : Henri Caffarel, maître d’oraison (Cerf). Cinq ans plus tard, dont deux années et demie de pandémie, voilà que je repars vers Paris avec moins de légèreté qu’avant. Vais-je suivre le rythme imposé par le corps, du 19 septembre au 5 octobre? J’ai perdu l’habitude de sortir, et puis à soixante-dix ans, je me sens plus fragile, vulnérable. Ce n’est pas seulement une question de virus, mais d’âge. Pour garder...
Voici le dernier article, d'une série de huit entretiens, de ma retraire avec saint Charles de Foucauld. Le 15 mai 2022, le pape François disait dans son homélie de la messe de canonisation de frère Charles et de neuf autres bienheureux: «Au début de notre être chrétien, il n'y a pas de doctrines ni d'œuvres, mais l'émerveillement de nous découvrir aimés, avant toute réponse de notre part». Cet amour gratuit de Dieu, qui est l’essentiel de la sainteté, a transformé la vie de Charles de Foucauld. Comme Jean Baptiste au désert, frère Charles, est un témoin qui nous montre Jésus, qui nous invite à vivre l’Évangile, à aller vers le Dieu des pauvres. Il veut être le visage de Jésus pour les autres, pour qu’en voyant sa bonté, on puisse dire que sa religion doit être bonne. Sa prière s’adresse surtout à Jésus. Il le fait souvent parler dans ses méditations, contemplant...
Rien n’est linéaire dans l’itinéraire spirituel de Charles de Foucauld. Il ne s’est pas converti au Christ une seule fois à vingt-huit ans : il y a eu dans sa vie plusieurs conversions, faites de départs et de changements, de retournements et de contradictions. Pour lui, la perfection n’est pas de mener tel genre de vie, mais de faire la volonté de Dieu pour mieux suivre le Christ: « Nous avons tant besoin de nous convertir pour faire le bien que Jésus veut de nous», écrit-il au Sahara. Survol de la vie de celui qui a été canonisé à Rome le 15 mai 2022 par le pape François. L’enfant blessé Charles de Foucauld naît à Strasbourg le 15 septembre 1858. Il a trois ans lorsque naît sa sœur Marie. Sa mère Élisabeth Beaudet de Morlet les éduque dans la foi catholique. Elle meurt des suites d’une fausse couche le 13 mars 1864. Son époux, le...
La sainteté n’attend pas le nombre des années pour s’épanouir dans une âme. Carlo Acutis, décédé le 12 octobre 2006 à l’âge de quinze ans, en est la preuve. Il a été béatifié le 10 octobre 2020, en présence de ses parents, à la basilique San Francesco à Assise, sa ville de cœur. Reconnu comme un petit génie de l’informatique par ses proches, il est le premier « millenial », né entre le début des années 80 et la fin des années 90, à être inscrit à la liste des bienheureux. Sa fête liturgique est fixée le 12 octobre, jour de sa naissance au ciel. « Tous, nous avons été créés potentiellement saints. Mais Dieu nous a aussi créés libres, libres de faire aussi bien le bien que le mal. Et moi, je veux suivre l’exemple du disciple Jean, le disciple bien aimé ». (Les paroles de Carlo sont tirées de la biographie du père Will...
Le 1er juin 2018, le pape François rappelait, aux directeurs nationaux des Œuvres pontificales missionnaires, que notre vie elle-même est mission, en lien avec notre baptême et l’appel à la sainteté : "Notre vie est, dans le Christ, une mission! Nous-mêmes nous sommes mission puisque nous sommes amour de Dieu communiqué, nous sommes sainteté de Dieu créé à son image. La mission consiste donc dans notre sanctification et dans celle du monde entier, depuis la Création (cf. Ep 1, 3-6). La dimension missionnaire de notre baptême se traduit ainsi en témoignage de sainteté qui donne vie et beauté au monde." Un chant d’amour Le Christ a préparé très tôt Dina Bélanger à une mission particulière, celle de manifester l’amour infini de la Trinité en elle et pour nous, donnant ainsi « vie et beauté au monde ». Née à Québec le 30 avril 1897 de parents très chrétiens, elle s’éprend de Jésus dès le début de...
Le pape François a décrété le mois d’octobre 2019 Mois missionnaire extraordinaire. Pour bien intégrer le thème proposé, « Baptisés et envoyés : l’Église du Christ en mission dans le monde », il propose quatre dimensions spirituelles, que l'on peut vivre toute l'année : la rencontre personnelle avec le Christ, le témoignage des saints, la formation catéchétique à la Mission, la charité missionnaire. J’ai déjà abordé la rencontre du Christ dans un article de ce blogue, Ma vie comme mission, que l'on retrouve aussi dans la revue Univers [1]. Je parlerai brièvement ici des trois autres dimensions spirituelles. Le témoignage des saints Dans son exhortation apostolique Gaudate et Exsultate, le pape François présente la sainteté comme une réalité toute proche, possible, destinée non à une élite, mais à la « classe moyenne ». « Les saints nous encouragent et nous accompagnent », écrit-il dans le premier chapitre. Leur témoignage nous surprend et nous dérange, « parce que...
Thérèse, toi l’amour,qui as avancé librement vers le Pèredans la confiance d’un enfant qui se sait aimé,fais que nous nous abandonnions à sa grâce,que nous ne comptions pas sur nos propres efforts,pour ne pas lui ravir la joie de nous aimer.Apprends-nous l’acceptation sereine de notre petitesse,afin que surabonde en nous le don de sa miséricorde,cet élan de vie et de joie entre le Fils et l’Esprit. Thérèse, maîtresse de vie spirituelle,qui as révélé la tendresse de Jésus Christ,en marchant sur une petite voie de sainteté,éloigne de nous ce qui conduit à la haine.Nous sommes si faibles et si fragiles,notre liberté est si souvent enchaînée,mais regarde notre désir d’aimer,demande à Jésus de le combler,pour que nous vivions dans le Père et l’Esprit. Thérèse, patronne des missions,qui t’es laissé consumer dans l’Esprit Saint,prépare-nous à l’accueillir lorsqu’il vientdans les simples événements de notre vie.Rends-nous disponibles à sa flamme bienfaisante,dans le cœur à cœur de la...
Le 28 octobre 2018, à la messe de clôture du Synode des évêques sur « Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel », le pape François a livré une homélie magistrale sur la mission. Il voulait ainsi replacer la vocation des jeunes catholiques dans une perspective évangélique de disciples-missionnaires. La vocation est toujours liée à une mission : nous sommes choisis pour être envoyés. Retour sur cette homélie. À partir de la rencontre de Jésus avec l’aveugle Bartimée (Marc 10, 46-52), le pape souligne trois étapes fondamentales dans le cheminement de foi. Ces étapes se déclinent en trois attitudes clés pour toute personne qui évangélise, un peu comme Jésus avec les pèlerins d’Emmaüs : écouter, s’approcher, témoigner. L’apostolat de l’oreille L’écoute est première dans la mission. L’aveugle Bartimée est seul le long de la route; il n’a personne pour l’écouter. Quand il veut parler, des gens le rabrouent pour qu’ils se taisent. Mais Jésus...
« Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ». L’abbé Gérard Marier, décédé le vendredi 8 mars 2019 à l’âge de 89 ans, aimait beaucoup ce verset du psaume 26. Si l’espérance, la force et le courage le caractérisaient assez bien, c’est parce qu’il se sentait souvent vide, faible et craintif face aux défis qui l’attendaient. Le Seigneur le fortifiait à sa manière. N’est-ce pas la part de tout prédicateur de l’Évangile qui, comme saint Paul, doit témoigner du Christ, malgré le découragement, le doute, la fatigue, la lassitude? Gérard, c’est ainsi que je l’appelais, ne comptait que sur la puissance de la parole de Dieu et de la prière pour être fidèle à sa mission d’animateur de retraites spirituelles. Il a sillonné le Québec de long en large, mettant sa foi en l’Esprit Saint qui « vous enseignera à cette heure-là ce qu’il faudra dire. » (Lc 12, 12). Il n’était pas...
Le pape François a voulu que le mois d’octobre 2019 soit nommé Mois missionnaire extraordinaire. Le thème : « Baptisés et envoyés : l’Église du Christ en mission dans le monde ». Il propose quatre dimensions spirituelles pour bien intégrer la Mission dans la vie : la rencontre personnelle avec le Christ, le témoignage des saints, la formation catéchétique à la Mission, la charité missionnaire. Je vais surtout me concentrer sur le premier point en partageant avec vous mon témoignage du Christ. Être aimé de Dieu Je suis aimé de Dieu. Voilà l’essentiel de ma vie. Dès ma jeunesse, je parlais à Jésus comme à un ami. Je lui chantais spontanément des chansons, lui confiant mon désir d’être son missionnaire, son témoin. Qui avait mis un tel amour et un tel désir dans mon cœur? L’Esprit Saint, sans doute ! « L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a...
Imaginons la scène de l’évangile de ce dimanche. Une foule se rassemble au bord du lac de Génésareth. Que fait-elle là? Elle se presse « autour de Jésus pour écouter la parole de Dieu » (Luc 5, 1). Elle est si nombreuse que Jésus monte dans une barque appartenant à Simon. Il s’assoit et il enseigne. Que leur dit-il? Nous ne le savons pas. Il leur a peut-être parlé de l’amour du Dieu et du prochain, comme il l’a fait tant de fois. L’important est que son message soit entendu par le plus grand nombre possible. Avance au large Quand Jésus finit de parler, il dit à Simon : « Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche » (Luc 5, 4). Simon est fatigué. Ses bras sont rompus d’avoir jeté et relevé le filet toute la nuit. « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre » (Luc 5, 5)....
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