Samedi après-midi, 27 avril. On nous annonce des orages. Je pense sans raison à Jean-Pierre Ferland. Je me demande où il est, comment va-t-il? Quelques heures plus tard, j’apprends avec émotion qu’il est décédé de causes naturelles dans un CHSLD de Lanaudière à l'âge de 89 ans. Je n’en reviens pas de cette prémonition; j'en parle à mon épouse. On fredonne Le soleil emmène au soleil : « Partir quelque part pour partir », sans oublier la fin, « Oh! comme c'est beau / Vu d'en haut ». Je me rappelle aussi l'envoûtante Je ne veux pas dormir ce soir. Je n’ai jamais rencontré l’auteur-compositeur qui s’est souvent défini comme un simple « faiseux de chansons ». Il ne se disait pas poète, car il se faisait une très haute idée de la poésie, et pourtant il l’était profondément. Il a gardé son cœur d’enfant et sa capacité de rêver, de s’émerveiller, de se renouveler. Il habitait les mots comme son...
Le blogue de Jacques Gauthier
Béni sois-tu, ô Dieu créateur,pour la nature qui te révèle :les astres, les pierres et les lacs,les déserts, les plaines et les monts, les forêts, les plantes et les animaux.Tout l’univers dit ta sagesse. Béni sois-tu, ô Père de tendresse,pour l’été qui rayonne de beauté :le chant des heures et des jours,la danse des abeilles et des fleurs,le jeu des oiseaux et des écureuils.Tout ce qui vit te loue en secret. Comment ne pas te rendre grâcepour tant de merveilles et de diversité?Aide-nous à protéger notre terre,que ton Fils a foulée il y a deux mille ans. Il a annoncé ton Royaume d’amouren s’inspirant de la vie et de la nature. Revue Parabole, De la création au Créateur, no 39 - 2, juin 2023, p. 28. Lire aussi cet article du blogue: Prier dans la nature. Pour aller plus loin, Le refrain des heures, Écrits des Forges, 2022. Voir ma vidéo du 5 août 2022 dans ma chaîne YouTube: Présence à...
À la foule rassemblée sur la place Saint-Pierre pour l’Angélus du dimanche 17 juillet, le pape François a parlé de son voyage historique au Canada, du 24 au 29 juillet, comme d’un « pèlerinage pénitentiel ». Il a demandé aux fidèles de prier pour lui. Il en aura besoin, car le Comité organisateur n’a eu que deux mois pour préparer ce voyage. Sans parler du fait que nous sommes en pleine vague de COVID-19 et que la santé du pape sud-américain demeure chancelante avec l’âge. Il a dû annuler deux visites pastorales au Liban et en Afrique, sur les conseils du médecin, en raison de douleurs au genou qui réduisent sa mobilité. François reste tout de même déterminé quand il s’agit d’aller « vers les périphéries », à la rencontre des plus souffrants. Il vient au Canada en humble pèlerin de la paix, écouter, dialoguer et prier avec les peuples autochtones marqués par la tragédie...
Le refrain des heures (Écrits des Forges, 2022, 106 pages) est mon 22e recueil de poésie, et le 5e publié aux Écrits des Forges. Il contient cinquante-cinq poèmes, regroupés en quatre parties: Chansons des montées, Variations d’un amour, Requiem et Point d’orgue. Les mots de ce recueil expriment les sentiments qui m’habitent devant la beauté du monde et la souffrance humaine, la joie de croire et de vivre, l’amour de la nature et de Dieu. La poésie se fait incantatoire et méditative, proche de l’hymne, du chant. Plusieurs poèmes ressemblent à des chansons qui pourraient être mis en musique. Avis aux compositeurs. Chacun de mes recueils de poèmes révèle ma présence au monde et ma compréhension du réel. Le refrain des heures évoque le temps qui passe et s’inspire de ma vie : mon enfance à Grand-Mère, ma période hippie, le besoin de partir, l'approfondissement de la mystique chrétienne, la rencontre de mon épouse. La mort, qui fait partie...
Au commencement du commencementà partir de l’origine éternellebien avant la genèse de l’atomeau commencement sans commencementétait le Verbe Antérieur à toute ébauche historiqueloin d’une première esquisse d’arthors du vent solaire de notre univers à un point de départ de nulle partétait le Verbe Avant que surgisse l’aube nouvelleque la fraîche rosée humecte la terreque la fleur s’abreuve à la source avant le premier fruit du premier germeétait le Verbe Avant le premier son le premier motavant que coule une larme de femmelà dans l’embryon d’un divin silencedu premier regard du premier baiserétait le Verbe Par-delà le temps et l’espacel’élan de vie au cœur de l’enfant le saint désir au désert et à la mer la prière de louange sur la montagne était le Verbe « Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. » (Jean 1, 14) Je vous...
L’humanité se pose la question depuis des millénaires: L’existence a-t-elle un sens ? Cette question renvoie au mystère que nous sommes et à notre place dans le monde. Elle vient à l’esprit quand nous sommes touchés au cœur par la beauté de la vie ou accablés par le poids de la souffrance et du mal. Sommes-nous le résultat accidentel d’un processus aveugle, une erreur de la nature ? Comment penser que l’existence de la matière, la complexité de l’Univers, l’évolution de la vie, de la nature et de la conscience humaine seraient liées à la simple nécessité ? L’être humain est-il seulement un tas de glaise inutile, un peu de moisissure qui a réussi, un paquet de neurones égaré dans l’Univers, d’où il a émergé par hasard ? Cette vision de la condition humaine mène au nihilisme et au néant. Le cosmos n’a pas de signification et notre existence est vide....
Dieu n’est pas seulement le « Bon Dieu » qui se donne à chaque instant, mais aussi le « Beau Dieu » que le cœur aime et qui éclaire toute chose. « À travers la grandeur et la beauté des créatures, on peut contempler, par analogie, leur Auteur » (Sagesse 13, 5). La beauté de la nature La nature nous révèle quelque chose de la beauté de Dieu et nous unit à lui, témoigne la bienheureuse Dina Bélanger dans son Autobiographie. « La nature avec ses beautés et ses richesses variées : crépuscules, clairs de lune, plantes, fleurs, fruits, ruisseaux, rivières, papillons, chants d'oiseaux, etc. me jetaient dans une sorte d'extase. La tiède haleine des vents, le murmure jaseur des feuilles, le grand silence du soir, le sourire des étoiles m'enivraient. Cette rêverie était, à mon insu, une méditation pieuse. Elle allait devenir de plus en plus profonde, s'appeler bientôt une contemplation, me...
La Bible nous apprend que tout ce que Dieu crée est beau et bon. Il communique sa beauté à travers notre âme, créée à son image. Il embellit notre vie de sa grâce par le Christ ressuscité qui a vaincu la mort. Bien sûr, il y a le mal, qui coexiste avec la beauté, mais celle-ci allège la vie, nous élève vers Dieu pour le prier, le louer, lui rendre grâce. Dieu est lui-même beauté, comme l’évoque saint Augustin : « J’ai tardé à t’aimer, Beauté si ancienne et si neuve, j’ai tardé à t’aimer! Ah! voilà : tu étais dedans, moi dehors, et je te cherchais dehors où je me ruais, beau à rebours, sur les belles choses d’ici-bas, tes ouvrages » (Confessions, X, 27). Beauté de la nature La beauté est exaltée depuis toujours par les artistes et les saints. On peut dire, avec le poète François Cheng, que la beauté est...
Le livre Val Notre-Dame. L’abbaye dans les bois, des photographes Bruno-Jean Rotival et frère Bruno-Marie, a été couronné en mai 2018 du prix Livre à thématique spirituelle de Communications et Société. Le jury a tenu à souligner la qualité, la beauté et l'universalité de cet ouvrage photographique «qui présente un beau paradoxe : des moines ouverts sur le monde vivant cloîtrés dans un monastère.» Un prix a ceci de bon qu’il donne parfois une nouvelle vie à une œuvre. Il y a déjà quelques mois, j’avais lu et contemplé ce beau livre. Je voulais en parler sur ce blogue, mais d’autres articles ont monopolisé mon temps, puis j’ai oublié. Il faut dire que j’ai un attachement particulier à cette communauté cistercienne, puisque je l’ai connue de l’intérieur lorsqu’elle était enracinée à Oka, où j’ai vécu une expérience monastique de 1973 à 1977. De plus, il y a deux ans, j’ai donné la retraite...
Sainte Kateri Tekakwitha est fêtée dans l'Église le 17 avril. Jeune femme de paix dans un monde d’hommes guerriers, elle a suivi le chemin de son cœur, balisant des sentiers d’intériorité hors de sa tribu. La spiritualité chrétienne de cette humble orpheline sonne juste parce qu’elle est allée au bout de son désir : ne vivre que pour Dieu, que sa tradition appelle le Grand Esprit, et ne suivre que Jésus. L'attrait pour la solitude Kateri est née en 1656 dans le village mohawk de Ossernenon, aujourd’hui Auriesville, dans l’état de New York. Sa mère Kahenta, une algonquine chrétienne, aimerait bien la faire baptiser par les missionnaires, mais son mari, le jeune chef Kenhonwonkha du clan des Tortues de la tribu des Agniers, reste hostile à cette nouvelle religion. On peut penser que la spiritualité de Kateri fut inspirée par la foi catholique de sa mère. Elle la voyait souvent prier...
La nature peut être un véritable chemin de prière. Elle s’étale sous nos yeux comme une écriture à déchiffrer. Dieu nous la donne pour nous refaire, nous reposer, nous guérir, que nous soyons en vacances ou non. La nature nous incite à revenir à notre cœur et nous apprend à y séjourner comme dans une maison amie. Dieu y a laissé les traces de sa beauté pour nous attirer en lui. Exercice de présence « Pour celui qui prie sans cesse, le monde entier devient église », disait le moine orthodoxe Silouane. Je vous suggère cet exercice de présence dans la nature, où vous priez avec tous vos sens. D’abord, marchez lentement et regardez. Dieu éclate tellement dans toute sa création, note Péguy, que pour ne pas le voir et le louer, il faut être bien aveugle. Il resplendit dans les fleurs et les oiseaux, les astres et les eaux, les arbres et...
Les arbres dans ma courremontent l’horlogeobservent les astres J’entends le poèmedans leurs feuillesfaire son nid Saisir le mouvementde la sève aux merlestout au long du jour En déchiffrer les mots d’amourgravés sur l’écorcepercée d’une flèche Je me figure la sourceabreuver les racinesdu sang même des amants Le tronc est leur rempartles jours de grand épuisementquand les bras ne suffisent plus Alors une présence prend formepose les fondations de la forêtdestinée à de hautes frondaisons Elle me prend dans son terreauavec la plus petite plantepromesse d’avenir Je retourne à la terremon corps nourritl’arbre grandissant Un souffle de fin silence, Montréal, Éditions du Noroît, 2017, p. 26. « Dans les bois se trouve la jeunesse éternelle. Parmi ces plantations de Dieu règnent la grandeur et le sacré, une fête éternelle est apprêtée, et l’invité ne voit pas comment il pourrait s’en lasser en un millier d’années. Dans les bois, nous revenons à la raison et à la foi. Là, je sens que rien...
Les arbres dans ma courremontent l’horlogeobservent les astres J’entends le poèmedans leurs feuillesfaire son nid J’en saisis le mouvementde la sève aux merlestout au long du jour Je déchiffre les mots d’amourgravés sur l’écorceque perce une flèche Je me figure la sourceabreuver les racinesdu sang même des amants Le tronc est leur rempartles jours de grand épuisementquand les bras ne suffisent plus Alors une présence prend formepose les fondations de la forêtdestinée à de hautes frondaisons Elle me prend dans son terreauavec la plus petite plantepromesse d’avenir Je retourne à la terremon corps nourritl’arbre qui pousse Extrait d'un recueil à paraître en 2017 aux éditions du Noroît.
Marcher dans la rue ou dans un parc, en ville ou à la compagne, peut être une belle occasion de méditer, de prier, de s’intérioriser en présence du Christ. Le corps s’assouplit au rythme des pas et se détend. Nous descendons dans notre cœur tout en laissant errer notre esprit. Soudain, la prière arrive au détour d’une maison, d’un buisson, d’un paysage : une louange, une demande… À la suite du Christ Jésus a beaucoup marché sur les routes empoussiérées de la Palestine. Les évangélistes évoquent sa vie publique comme une montée vers Jérusalem. Il enseigne et prie en marchant, absorbé dans sa relation au Père. On le voit marcher sur les eaux, traverser les champs de blé, exhorter ses disciples à le suivre : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive » (Matthieu 16, 24). Ressuscité, il...
La période estivale peut être un temps privilégié pour approfondir notre vie de prière, notre relation avec le Seigneur. Que nous soyons en vacances ou non, il faut souvent nous adapter à une spiritualité du grand air où règnent l’inconnu et l’imprévu. Mais la vie de foi et de prière n’est-elle pas cela aussi : ouverture à l’inconnu, rupture avec le train-train quotidien, attente de ce qui n’est pas encore, disponibilité à ce qui advient, abandon à l’inattendu de l’Esprit qui souffle où il veut dans l’instant présent. Désirer prier « Dieu donne la prière à celui qui prie », écrivait saint Jean Climaque. La question à se poser est celle-ci : la prière est-elle importante dans ma vie? Sinon, comment voulez-vous qu’elle le soit durant les vacances? Si vous ne priez pas durant l’année, il est fort probable qu’il en sera ainsi durant l’été. Et si vous ne donnez pas à la prière personnelle un espace...
Fais-nous voir, Seigneur,ton visage de lumièredans la froidure du matin,dans la chanson du ruisseau,dans le cri de l’automne. Fais resplendir, Seigneur,ton visage de feusur la brume des lacs,sur le corps des arbres,sur la peau des rochers. Fais lever, Seigneur,ton visage de Pâquessur le refrain des heures,sur la marche des jours,sur la danse des saisons. Fais luire, Seigneur,ton visage de bontésur la pluie du midi,sur la rouille des feuilles,sur la migration des oiseaux. Fais briller, Seigneur,ton visage de paixpar le murmure des choses,par la musique des silences,par le sourire des mots. Fais-nous marcher, Seigneur,à la lumière de ton visagevers les parvis de Jérusalem,vers les chemins d’éternité,vers la maison de notre Père. Jacques Gauthier, Prières de toutes les saisons, p. 161-162. Voir également cette prière dans une vidéo de 3 minutes Prière d'automne en forêt d'Ecouves, réalisée à l'automne 2012 au diocèse de Seez en France. La forêt d'Écouves est située au nord d'Alençon.
François d’Assise fait l’unanimité autour de lui. Le cardinal Bergoglio l'a choisi comme patron pour son pontificat, devenant ainsi le pape des pauvres. Comme le Poverello d'Assise, le pape François a le sentiment d'être habité par le Christ et il fait bouger l'Église par sa simplicité évangélique. Il fait écho au désir si cher de l'humble franciscain : « Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix. Là où est la haine, que je mette l’amour. » Chevalier du Christ La vie de François est un long poème où alternent joie et souffrance, désir de Dieu et amour de Jésus. Né à Assise vers 1182, d’un riche marchand drapier Pierre Bernardone et de Dame Pica, sa jeunesse est marquée par les plaisirs de la vie. Chevalier, il participe à la guerre entre Assise et Pérouse, où il est fait prisonnier pendant un an. Malade, il est libéré. Il recherche de plus en plus la...
17 avril 2013. Première célébration liturgique officielle de Kateri Tekakwitha en tant que sainte. L'antienne d'ouverture de sa messe se lit ainsi: "Célébrons dans la joie la fête de sainte Kateri Tekakwitha, car le Seigneur de l'univers l'a aimée, et il a fait d'elle une vierge sainte et glorieuse, alléluia". Je me souviens de sa canonisation par Benoît XVI le 21 octobre 2012, des conférences sur sa spiritualité, des rencontres avec les médias. Ce fut un moment intense, dont une conférence au village huron de Wendake. Vous pouvez revoir ces activités à ce lien de mon site. En partage pour sa fête liturgique, voici la conclusion de mon livre Sainte Kateri Tekakwitha. Première sainte indienne d'Amérique du Nord Kateri Tekakwitha, qu’on a déjà qualifiée de « mystique du monde sauvage », a une parole à nous délivrer aujourd’hui. Cette jeune femme autochtone, qui a grandi dans les bois et qui n’a pas fait...
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