Une journaliste m'a demandé un jour de lui parler du karma. Elle entendait souvent ce mot dans les conversations et ne savait pas trop quoi en penser. En effet, ce concept est à la mode, comme les mots mantra et nirvana. Le karma se veut une tentative de réponse aux questions métaphysiques que nous nous posons : "Où étais-je avant de naître ? Pourquoi la souffrance et le mal? Y a-t-il quelque chose ou quelqu’un après la mort ?" Un concept lié à la réincarnation Le karma est un élément clé de la philosophie bouddhiste. Il est complètement étranger à la tradition judéo-chrétienne. On ne retrouve pas ce terme dans la Bible. Le karma veut dire activité, action, les effets qui en découlent et qui nous attachent à l’existence. Le Bouddha enseigne qu’il faut se détacher de tout désir et de tout sentiment pour triompher du karma et ne plus craindre de renaître...
Le blogue de Jacques Gauthier
Je vous partage la recension de Bernard Plessy, agrégé de Lettres classiques en France, au sujet de mon recueil Un souffle de fin silence (éditions du Noroît). Elle est parue sous le titre Hymne à la vie sur le site Aleteia, 26 février 2017. Dans son dernier recueil, Un souffle de fin silence, Jacques Gauthier entame une véritable quête poétique à travers les différents âges de la vie. Un poète ne raconte pas sa vie. Il l’évoque : il en fait apparaître ce qui lui donne sens. Avec les mots, sur fond de silence, il a tout pouvoir. Le coquillage du souvenir, appliqué à l’oreille interne, lui restitue le poème originel, l’entrée dans son histoire – et c’est comme le film très pudiquement charnel de sa naissance. La méditation du soir lui permet d’anticiper sa mort – et c’est une hymne à cette nouvelle entrée dans la Vie, splendide testament spirituel sur « l’art de mourir en joie. »...
Lors d’une émission d’Apostrophes, Bernard Pivot avait demandé à sœur Emmanuelle (1908-2008) quel était son mot préféré. La réponse fut immédiate : Yalla!, mot arabe qui signifie : « En avant ! » La mort est en avant, notre naissance aussi. Nous n’avons jamais fini de naître. Pour les croyants et croyantes, la mort est vue comme le jour de leur véritable naissance. Thérèse de Lisieux, décédée le 30 septembre 1897, écrivait : « Je ne meurs pas, j’entre dans la vie ». De son côté, Félix Leclerc chantait : « C’est grand la mort, c’est plein de vie dedans ». Un accompagnement par la présence J’ai relaté dans le livre Récit d’un passage les derniers mois de la vie de mon beau-père. Mon accompagnement auprès de lui m’a rendu plus humain et plus lucide face à la mort. J’ai surtout retenu trois choses de cette expérience. La vie n’a de sens que dans la...
Réalité commune à toutes les religions et sagesses, la prière est loin d’être démodée dans nos sociétés sécularisées. Des enquêtes montrent qu’à certains moments de leur vie les gens prient, pas nécessairement en public, mais dans le secret de leur cœur. D’ailleurs, les livres sur la prière et la méditation ne manquent pas. Il suffit d’entrer dans une librairie pour s’en rendre compte. Les livres sur la prière qui me parlent le plus sont ceux qui sont portés par une expérience et une écriture. Leurs auteurs sont avant tout des témoins qui révèlent l’aventure de la prière à travers le prisme de leur expérience, comme si leurs mots étaient brûlés de l’intérieur. Ils n’enseignent pas cette expérience comme on transmet un savoir, car les chemins sont différents pour chaque personne. Ils en témoignent simplement en toute humilité, suggérant ici et là quelques pistes. Le journaliste allemand Peter Seewald demanda un jour...
Il était une fois un petit garçon de 4 ans hospitalisé pour une jaunisse. Sa mère ne pouvait pas lui rendre visite. Son frère, un franciscain qui l’avait baptisé jadis, prenait le relais. Né à Montréal le 11 avril 1917, il avait vécu à Grand-Mère et avait été ordonné prêtre trente ans plus tard. Il le visitait et lui apportait des bonbons. Cet homme joyeux représentait pour lui une image bienveillante de Dieu. Il l’appelait mon oncle René, mais en religion c’était le père Claude Héroux. Il se souvient de ces Noëls où il partait avec son père pour ramener l’oncle à la maison, le temps d’un repas. Quand il le visitait à Trois-Rivières, il lui demandait d’explorer le musée du bon père Frédéric, situé à la crypte, sous la chapelle Saint-Antoine. Avec le temps, l’enfant connaissait plusieurs franciscains qui venaient à la maison : les pères Paul, Florian, Gentil, Philippe....
Les arbres dans ma courremontent l’horlogeobservent les astres J’entends le poèmedans leurs feuillesfaire son nid J’en saisis le mouvementde la sève aux merlestout au long du jour Je déchiffre les mots d’amourgravés sur l’écorceque perce une flèche Je me figure la sourceabreuver les racinesdu sang même des amants Le tronc est leur rempartles jours de grand épuisementquand les bras ne suffisent plus Alors une présence prend formepose les fondations de la forêtdestinée à de hautes frondaisons Elle me prend dans son terreauavec la plus petite plantepromesse d’avenir Je retourne à la terremon corps nourritl’arbre qui pousse Extrait d'un recueil à paraître en 2017 aux éditions du Noroît.
« Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je? » (Lc 9, 20). Cette question essentielle de Jésus se retrouve dans les trois évangiles synoptiques, mais Luc est le seul qui précise que Jésus priait. « Un jour, Jésus priait à l’écart. Comme ses disciples étaient là, il les interrogea : « Pour la foule, qui suis-je ? » (Lc 9, 18). (Voir Évangile du 12e dimanche du temps ordinaire C). Luc montre souvent Jésus qui prie à l’écart. Il en a besoin pour vivre, pour continuer sa mission jusqu’au bout. Ce cœur à cœur avec Dieu, qu’il nomme Abba, l’immerge dans son identité profonde de Fils où il est un avec le Père. Ce dialogue d’amour le confirme dans son être de Verbe fait chair, reçu du Père : « Tu es mon Fils bien-aimé en qui je mets tout mon amour ». À la fin de son oraison, Jésus fait un sondage d’opinion auprès des siens. Il...
Mon livre Récit d'un passage apporte une pierre de plus à l'importance de l’accompagnement des mourants. J'en témoigne avec émotion les 15 premières minutes à l'émission "Église en sortie" de Sel et Lumière du 10 juin 2016. J’ai montré dans ce récit de la mort de mon beau-père comment la famille peut accompagner un homme en fin de vie et comment celui-ci soutient ses proches à sa manière. La beauté de ce don mutuel révèle la profondeur de la relation humaine lorsqu’elle est assumée jusqu'à la fin, à la suite du Christ. En ces temps où l'on parle beaucoup de mourir dans la dignité, de soins palliatifs, de compassion, d’euthanasie, de suicide assisté, prenons-nous vraiment le temps de vivre ce passage essentiel de la vie jusqu’au bout ? (Relire ma réflexion sur ce sujet si délicat dans ce billet du blogue: L'euthanasie et le dur labeur de vivre). Le temps que nous prenons pour accompagner...
Chaque année, le quatrième dimanche de Pâques nous ramène l’image du Bon Pasteur et la journée mondiale de prière pour les vocations. Ce dimanche pourrait aussi s’appeler celui des différents ministères dans l’Église, pour que « le salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre » (Actes 13, 47). La journée du désir Le dimanche des vocations est la journée du désir. Désir de Dieu lui-même qui veut nous conduire vers les sources de la vie en nous donnant la vie éternelle : « Mes brebis écoutent ma voix; moi je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle » (Jean 10, 27-28). Désir des chrétiens d’écouter Jésus, de lui donner leur vie comme il l’a fait pour chacun et chacune de nous. La vocation, comme la prière, naît de la rencontre de ces deux désirs. La vocation est le fruit du désir de Dieu pour nous et de nous pour...
Michel-Marie Zanotti-Sorkine, prêtre très connu en France pour ses écrits et prédications de feu, a rédigé un petit livre sur la mort qui a piqué ma curiosité. Je vous dirai pourquoi à la fin. Quand je ne serai plus là est une lettre de soixante-dix pages qu’un père de deux enfants, marié depuis plus de trente-cinq ans, écrit à son fils Emmanuel avant de mourir. Il est atteint d’un cancer et les médecins ne lui donnent plus que six mois à vivre. Il prend donc la plume pour livrer ses dernières volontés et ne pas rater sa sortie. Ce récit fictif, écrit finement avec le sang du cœur de l’auteur, se lit en moins de deux heures. Il peut nous être utile, puisque nous allons tous mourir un jour. Mais contrairement au narrateur, nous ne savons pas quand. Seul l’amour demeure qui prend les visages de la disponibilité offerte, de...
Le pape François vient de publier son encyclique très attendue sur l’écologie. Le titre Laudato si', Loué sois-tu, reprend les premiers mots du Cantique des créatures de saint François d’Assise, patron des écologistes, auquel il fait l’éloge aux numéros 10 et 11. C’est la première fois qu'une encyclique porte sur les questions environnementales, sur la sauvegarde de la terre que le pape appelle « la maison commune », dans laquelle Dieu a donné à chaque être sa place. Voici un premier survol de cette lettre encyclique qui, je l'espère, laissera des traces profondes dans les consciences. Une invitation au dialogue Laudato si' se divise en six chapitres qui contiennent 246 numéros. Au premier chapitre, le pape passe en revue « ce qui se passe dans notre maison ». À la lumière de la foi chrétienne, il aborde au chapitre suivant « l’Évangile de la création ». Ce qui le conduit à parler de « la racine humaine de...
Le germe, personne ne l’aperçoit quand le grain meurt. La nuit seule en est témoin. Un jour paraît la pousse. Mais il en a fallu des nuits pour en arriver là! Dieu est en nous comme une semence et son règne germe dans notre humanité. Il est patient, son temps n’est pas le nôtre. Sa semence travaille en secret. C’est lui qui fait grandir. Baptême de lumière, prière de silence. « Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette en terre la semence : nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi » (Marc 4, 26-28). Qui donne reçoit. Rien ne se perd quand c’est de l'amour. En échange de ce qui est périssable, nous récoltons un fruit qui demeure. Il ne manque que la...
Les livres nous attendent. Nous pouvons les lire n'importe où et n'importe quand, même plusieurs années après leur parution. Ils n’ont pas de date de péremption. Mon épouse a lu récemment le livre de Christiane Singer, Derniers fragments d’un long voyage. (Albin Michel, 2007). Elle m’a dit : « Lis cela ! Tu vas aimer ». En effet, j’ai beaucoup aimé. Je connaissais déjà cette auteure d’une vingtaine de livres, femme de lumière et de paix, amoureuse de la langue française qu'elle maîtrisait d'une manière remarquable. Elle écrit : « Et si j’ai occupé dans la vie de certains une place lumineuse, le sens de l’aventure est désormais de le remplir vous-mêmes : soyez ce qu’en moi vous aimez » (p. 32). Christiane Singer raconte les derniers moments de sa vie. Atteinte d’un cancer, le médecin lui confie qu’il ne lui reste plus que six mois à vivre. Ce livre est le carnet de bord de ses jours...
Le chapitre 6 de l'Évangile de Jean présente Jésus comme le pain de vie. Nous le méditons à quelques reprises durant l'année liturgique, surtout à la troisième semaine du temps pascal et au mois d'août de l'année B. Au début du chapitre, nous voyons Jésus qui multiplie les pains, comme il le fera pour la Pâque chrétienne, l'Eucharistie. Au moment où on veut l'enlever pour le faire roi, il se se retire seul dans la montagne pour prier son Père. Puis, il rejoint ses apôtres sur la mer agitée en marchant sur les eaux. Saisis de peur, ils le prennent pour un fantôme, mais Jésus leur dit: "C'est moi. N'ayez plus peur" (v. 20). La foule le cherche parce qu’elle a mangé et qu’elle a été rassasiée. Jésus leur en fait le reproche à la synagogue de Capharnaüm, sobrement décorée de palmes et d'étoiles en mosaïques. "Travaillez non pas pour la...
25 juillet: Jacques le Majeur, apôtre de Jésus le Christ. Je profite de la fête de mon saint patron pour vous partager une brève réflexion sur le pèlerinage à pied, auquel Compostelle reste la figure emblématique. Le champ des étoiles Au début, c’est un désir, un élan, un appel mystérieux à « faire » Compostelle, qui signifie « champ des étoiles ». Puis, ça devient un rêve assez puissant qui met tout l’être en route. Enfin, le rêve est vraiment en marche quand arrive le fameux premier pas sur l’un des chemins français, - Tours, Vézelay, Puy-en-Velay, Arles – ou sur le chemin espagnol, ces chemins menant tous à Santiago de Compostela. Des dizaines de milliers de pèlerins empruntent chaque année le mythique Camino, ce chemin millénaire où le corps est un allié précieux, surtout les pieds. L’aspect physique côtoie le spirituel. C’est devenu très « tendance » de marcher sur ce chemin initiatique qui illustre bien que...
Tout ce qui est humain m'intéresse et nourrit ma foi. La foi chrétienne n’est pas une possession tranquille, mais une lutte pour que la vie soit plus humaine, un engagement de tout l’être. Une foi qui aime est une foi qui nous fait sortir de nos sécurités pour aller vers l’autre. La foi des pharisiens peut devenir un piège si elle ne débouche pas sur une foi incarnée dans l’amour, la compassion, la justice, la miséricorde, comme nous le montre si bien le pape François. L’amour du prochain Le chemin le plus sûr pour aller vers Dieu passe par l’amour du prochain. Cet amour devient le baromètre de notre amour de Dieu : « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. » (1 Jean 4, 20) « Le Verbe s’est fait frère », disait Christian de Chergé, prieur du monastère trappiste de Tibhirine, assassiné avec six de...
"Je ne meurs pas j'entre dans la vie", avait écrit Thérèse de Lisieux quelques semaines avant sa mort au carmel le 30 septembre 1897 à l'âge de 24 ans. Son ami, Mgr Guy Gaucher, est allé la rejoindre le 3 juillet 2014 à l'âge de 84 ans. "Tout est grâce", se sont peut-être dit ces deux êtres de désir en se saluant dans l'amour du Christ. "Tout est grâce", c'est en lisant ces mots à la fin du Journal d'un curé de campagne du romancier Georges Bernanos, que le jeune Guy Gaucher, âgé de 18 ans, va être guidé vers Thérèse. Il sera un spécialiste de l'un et de l'autre, prêchant même une retraite en 2004 dans un carmel sur les affinités entre le grand Georges et la petite Thérèse ("Tout est grâce", Cerf, 2009). Bernanos avait repris ces mots de Thérèse, son maître spirituel, mais que Guy Gaucher trouvait fleur bleue...
L’exercice de la présence de Dieu est un moyen simple qui unit prière et vie. Cette pratique fut popularisée par un carme cuisinier, le frère Laurent de la Résurrection (1614-1691). Elle consiste à s’entretenir familièrement avec le Père, Jésus ou l’Esprit Saint, à tout moment de la journée, comme on le fait avec un ami. Pour frère Laurent, l’exercice de la présence de Dieu est le chemin le plus direct pour arriver à la sainteté. Il en témoigne dans une lettre : « J’ai quitté toutes mes dévotions et prières qui ne sont pas d’obligation et je m’occupe qu’à me tenir en sa sainte présence, en laquelle je me tiens par une simple attention et un regard général et amoureux en Dieu, que je pourrais nommer présence de Dieu actuelle ou, pour mieux dire, un entretien muet et secret de Dieu avec l’âme ». (Écrits et entretiens sur la pratique de la Présence de...
Le soleil s’est levédu froid tombeau de pierre,la vie est apparueà l’aube de Pâques,jour de fête et de joie.Exultons depuis la nuée :Christ, tu es monté aux cieux,inonde-nous de ta lumière. L’amour est redonnéà la fraction du pain,l’avenir dans nos mainspour la vie du monde.Béni soit le Premier-néqui endosse notre passé :Christ, tu es assis à la droite du Père,envoie sur nous la force de ton Esprit. Allons sur les cheminsau-devant du Vivantqui a vaincu la mort,libéré nos corps.Que nos cœurs s’unissentdans ce printemps glorieux :Christ, tu es toujours avec nous,aide-nous à demeurer dans ton amour. Ma prière est parue dans le Prions en Église Canada, 1er juin 2014, p. 33. Voir également Prières de toutes les saisons. Vidéo de 9 minutes de ma chaîne YouTube, ajoutée le 24 mai 2020.
Lumière au froid tombeau de pierre,éveil d'un chant nouveau sur terre,Christ est ressuscité!Alléluia! Enfance au passage du vivant, joie d'un jour nouveau sur les temps, Christ est ressuscité! Alléluia! Renaissance au jardin de gloire, fruit d'un vent nouveau sur l'histoire, Christ est ressuscité! Alléluia! Fresque de l'église du monastère des Petits frères de la Croix dans Charlevoix au Québec. Tiré de mes Prières de toutes les saisons (Bellarmin / Parole et Silence).
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