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Le blogue de Jacques Gauthier

École de prière (38) Quelle est la meilleure méthode?

La prière chrétienne est désir et rencontre, méditation et contemplation, connaissance de soi et de Dieu. Elle est un puissant moyen pour communier à l’amour de Dieu répandu en nous par son Esprit. La foi et l’amour nous guident mieux sur ces chemins de la prière que les méthodes ou les techniques extérieures à nous. Je dis souvent que la meilleure méthode est de ne pas en avoir, ou bien c'est celle qui libère le mieux la prière en nous. L’Esprit saura bien nous donner la prière qu’il nous faut si nous l’invoquons avec confiance, car nous ne savons pas prier comme il faut, nous dit saint Paul. « Viens, Esprit Saint »!

Les chemins de l’Esprit Saint

À l’article de mon blogue, Petit lexique à retenir, je signalais que Jésus n’a pas donné de méthode précise pour méditer et prier. Il nous a laissé une prière vocale, le Notre Père, et il nous a donné son Esprit pour qu’il vienne en aide à notre faiblesse et qu’il nous unisse au Père.

Toute méthode de prière peut devenir une idole si nous oublions la finalité qu’est l’union à Dieu. Elle n’est qu’un outil pour ouvrir notre cœur à l’amour de Dieu en nous. L’Esprit Saint, qui souffle où il veut, reste libre dans ses motions; lui seul donne le silence intérieur qui comble et transforme. Frère Roger de Taizé nous le rappelle :

« Il n’y a pas de techniques pour prier, de même qu’il n’y a pas de méthodes pour obtenir le silence intérieur. Lorsque notre prière n’est que balbutiement, nous pouvons nous rappeler que nous sommes tous des pauvres de l’Évangile. Dieu ne nous demande pas de prodiges qui nous dépassent. Pour prier, il nous appelle simplement à nous tenir en sa présence, le cœur ouvert, et à oser lui dire : « Donne-moi de vivre de toi, rassemble mon désir et ma soif ». (Frère Roger, Paris – Taizé, Bayard, 2002, p. 6-7).

L’Esprit Saint demeure le meilleur guide pour nous faire entrer dans la prière. C'est ce que je veux montrer par cette « École de prière » que je tiens sur ce blogue depuis plusieuers années, le premier article étant publié le 1er février 2013. Nous expérimentons son souffle de vie partout où l’on prie le Père dans le Fils. L’Esprit nous attire à l’intérieur par son onction de paix et il nous rend attentifs au mystère de la divine présence. Il nous inspire les actes de foi, d’espérance et d’amour qui nous font reposer sur le cœur du Père que le Christ a remis entre nos mains.

Priere soir

En route vers le silence intérieur

La prière chrétienne est essentiellement filiale et trinitaire, théologale et sponsale, c’est-à-dire de l’ordre des épousailles. Elle est aussi, nous dit Jean-Paul II, « la révélation de cet abîme qu'est le cœur de l'homme, une profondeur qui vient de Dieu et que Dieu seul peut combler, précisément par l'Esprit Saint. » (L’Esprit Saint dans la vie de l’Église et du monde, no 65).

Dans cette prière vivante, nous nous abandonnons au Dieu qui est, qui était et qui vient. Nous lui remettons ce que nous avons et ce que nous sommes. Nous consentons à sa présence au plus profond de l’âme pour mieux nous unir à lui. Nous dépassons les mots et les pensées pour accueillir le silence qui rend possible la communion avec Dieu, la contemplation de son amour. C’est alors que nous devenons de plus en plus intimes avec le Christ et que nous portons une réelle attention aux autres, devenus des frères et sœurs.  

Les voies de la prière

La prière nous accompagne dans les étapes de notre vie. Elle est un chemin que l’on prend au jour le jour et qui nous façonne à notre insu. Bien téméraire celui qui tenterait d’en distinguer toutes les formes, car il y a autant de manières de prier qu’il y a d’êtres humains.

Jean Cassien, un moine du 1Ve siècle, écrivait : « Je tiens pour impossible de distinguer toutes les formes de prière, à moins d’une pureté de cœur tout à fait singulière et de lumières extraordinaires de l’Esprit Saint. Leur nombre est aussi grand qu’il peut se rencontrer dans une âme, ou plutôt dans toutes les âmes, d’états et de dispositions différentes ». (Conf., IX, 8, 1, Sources Chrétiennes 54 bis, Cerf, 2009, p. 89).

Dans mon blogue, j’insiste surtout sur l’oraison, appelée aussi prière contemplative, en me mettant à l’école de Thérèse d’Avila et de Jean de la Croix. Cette forme de prière silencieuse nous apprend le détachement, le dépouillement, pour mieux nous attacher au Christ, en laissant les autres libres. L’oraison est une façon de perdre sa vie pour le Royaume de Dieu qui est au-dedans de nous. « Celui qui perdra sa vie pour moi et pour l’Évangile la sauvera » (Mc 8, 35).

Comment perd-on sa vie dans l’oraison ? En étant fidèle chaque jour à ce rendez-vous d’amour avec le Christ, en se laissant guider par l’Esprit Saint, en consentant à sa présence en nous, en accueillant les distractions et les sécheresses, en revenant au recueillement par des actes de foi, d’espérance et d’amour. On perd sa vie dans l’oraison en ayant l’impression que nous ne savons pas prier comme il faut, que Dieu est trop loin, qu’il ne se passe rien. On gagne sa vie en persévérant dans la prière jusqu’à la mort, par pure miséricorde divine, parce que Dieu est Dieu.

S'il ne faut pas absolutiser les méthodes ou techniques de prière, il y a des voies qui ouvrent notre cœur vers le Dieu vivant. Je pense à « la prière du cœur », ou « prière de Jésus ». Il s’agit de répéter intérieurement le nom de Jésus en toutes circonstances jusqu’à ce qu’il pénètre totalement le cœur. Il y a aussi la méditation de la parole de Dieu, la prière des Psaumes, l’adoration eucharistique, la marche et le pèlerinage, le prière du Rosaire, le chant de louange. Plus que de simples méthodes, ces voies de la prière peuvent nous disposer à la contemplation qui est toujours un don de Dieu que l’on reçoit de l’Esprit sans mérite de notre part, comme nous le rappelle Benoît XVI :

« Cette force, la grâce de l’Esprit, n’est pas quelque chose que nous pouvons mériter ou acquérir, mais nous pouvons seulement la recevoir comme un don. L’amour de Dieu peut répandre sa puissance uniquement quand nous lui permettons de nous transformer intérieurement. Nous devons lui permettre de traverser la dure carapace de notre indifférence, de notre lassitude spirituelle, de notre conformisme aveugle à l’esprit de notre temps. Alors seulement nous pouvons lui permettre d’enflammer notre imagination et de façonner nos désirs les plus profonds. Voilà pourquoi la prière est si importante : la prière quotidienne, la prière personnelle, dans le silence de notre cœur et devant le Saint Sacrement ainsi que la prière liturgique en Église. Elle est réceptivité pure de la grâce de Dieu, amour en acte, communion avec l’Esprit qui demeure en nous et nous conduit, à travers Jésus, dans l’Église, à notre Père céleste. Par la puissance de son Esprit, Jésus est toujours présent en nous, attendant tranquillement que nous nous mettions en silence à côté de Lui pour écouter sa voix, demeurer dans son amour et recevoir la « force qui vient d’en-haut », force qui nous rend capables d’être sel et lumière pour notre monde. » (Benoît XVI, Homélie, Sydney, 20 juillet 2008)

Extrait en partie de mon article "Les voies de la prière" dans Magnificat, février 2016, p. 7-10.

Pour lire les articles sur l'oraison dans "L'école de prière" de mon blogue: cliquez ici.

Pour aller plus loin: La prière chrétienne. Guide pratique. (Presses de la Renaissance).
Henri Caffarel, maître d'oraison (Cerf).

Vidéo d'une heure de ma chaîne YouTube sur comment vivre l'oraison, ajoutée le 6 avril 2021.

Livre: Le nom de Dieu est Miséricorde
28 janvier: saint Thomas d'Aquin (1225-1274)

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jeudi 28 mars 2024

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