Le blogue de Jacques Gauthier
Un conte pour l'Épiphanie
Noël est propice aux contes, et l'Épiphanie aussi. Ce mot signifie apparition, manifestation. La fête liturgique a été fixée au 6 janvier dès le 4e siècle pour commémorer le mystère de l'incarnation du Christ et célébrer la lumière du Christ qui brille sur le monde. J'ai écrit il y a quelques années un conte pour l'Épiphanie que je vous partage en guise de présent.
Les Mages arrivèrent fatigués à Jérusalem. Ils avaient marché plusieurs jours sur les routes poussiéreuses d’Orient. Habitués à scruter les astres, ils cherchaient à résoudre l’énigme de leur quête. Ils demandèrent à des passants, en les fixant dans les yeux pour se faire bien comprendre : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui. » (Matthieu 2, 2) Comme réponse, toujours le même silence, aussi mystérieux que celui de la nuit.
Hérode, qui avait eu vent de leur arrivée, les convoqua discrètement et les envoya à Bethléem, où, selon la prophétie, devait naître le Messie. « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, avertissez-moi pour que j’aille moi aussi me prosterner devant lui. » (Matthieu 2, 8) Hérode craignait tellement de possibles rivaux, qu’il voulait éliminer dès maintenant cet enfant roi.
Les Mages reprirent la route avec l’étoile en tête, la gardant dans leur cœur, sous leurs longues capes. N’avaient-ils pas tout quitté pour elle : femmes, enfants, maisons? L’obscurité déroulait sa longue nappe sur leurs pas méditatifs. « La nuit est nécessaire pour que l’étoile nous livre son secret et que la lumière brille sur les nations », se disaient-ils en marchant. Pendant qu’ils devisaient, ils entendirent au loin des lamentations. Ils coururent et virent un homme à moitié mort sur le bord de la route. Saisis de pitié, ils pansèrent ses plaies, chargèrent le blessé sur un dromadaire, le conduisirent dans une auberge, offrirent de l’or à l’aubergiste pour qu’il prenne bien soin de lui.
La nuit était déjà avancée lorsqu’ils repartirent vers Bethléem. Ils croyaient s’être perdus, lorsque leur étoile réapparut dans le ciel. Une grande joie les inonda. Leurs pas devinrent plus légers, leurs corps plus aériens, leurs visages plus jeunes, comme si l’Enfant de Bethléem rayonnait déjà sur eux. Quelle ne fut par leur surprise en voyant une deuxième étoile qui brillait avec grand éclat au-dessus du lieu où se manifestait la présence de Dieu parmi les hommes.
Lorsque les Mages virent l’enfant avec Marie et Joseph, ils se prosternèrent devant lui pour l’adorer, comme ils s’étaient penchés avec compassion sur la misère de l’homme blessé. Dieu et l’homme étaient désormais si intimement liés dans la même aventure que toucher l’un c’était toucher l’autre. Depuis cette nuit unique où l’Amour s’est abaissé dans le ciel de notre âme, les étoiles de la miséricorde scintillent par milliers.
Prière
À propos de l'auteur
Marié et père de famille, poète et essayiste, son oeuvre comprend plus de 80 livres, parus au Québec et en Europe, et traduits en plusieurs langues. Il a enseigné vingt ans à l'Université Saint-Paul d'Ottawa. Il donne des conférences et retraites que l'on retrouve dans sa chaîne YouTube. Pour en savoir plus: Voir sa biographie.
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