Le blogue de Jacques Gauthier
École de prière (11) Prière sans fil
Je suis branché sur Facebook et Twitter, mais ce n’est pas nécessaire de naviguer sur le Web pour rencontrer Dieu, car il est toujours en ligne dès que je le prie. La prière, c’est le sans fil haute vitesse sur la toile de ma vie, même dans les tunnels profonds et les montagnes éloignées. Contrairement aux téléphones intelligents, le courant passe partout, et pas besoin de rechargement ou de mise à jour. Aucun risque d’interruption d’électricité, d’épuisement de la pile, de logiciels trop anciens. Dieu est là en tout temps, accessible jour et nuit.
La prière, c’est mieux que surfer, tweeter, skyper, c’est le contact immédiat avec Dieu, le désir de sa présence, le buzz d’être rejoint par lui là où l’on est. C’est l’aventure de la foi, la rencontre de deux soifs. Nous prenons conscience de sa présence en nous à la fréquence du cœur à cœur amoureux avec lui. Tout un forfait, n’est-ce pas, et c’est gratuit, sans date d’expiration, même au-delà de la mort.
Textos et tweets au Seigneur
Dans ce temps d’oraison, de prière contemplative, il ne s’agit pas de penser beaucoup mais d’aimer, d’écouter ce Dieu d’amour qui parle dans le silence et dans sa Parole. Pour bien l’entendre, il est bon de savoir jeûner d’Internet, de fermer le I Phone quelques minutes, de se recueillir et d’habiter sa « cellule intérieure », là où Dieu se trouve en permanence. Il y a une joie à découvrir le sanctuaire intérieur de l’âme où l’on se retire librement pour être présent à la Présence. On peut lui envoyer de courts textos et des tweets intérieurs toute la journée : « Seigneur, je t’aime ». « Père, je crois en toi mais augmente ma foi ». « Jésus, j’ai confiance en toi ». « Viens, Seigneur Jésus ». « Viens, Esprit Saint ».
Le Dieu caché, mystérieux, n’est pas le Dieu lointain ou absent, mais le Dieu proche qui nous connaît par notre nom. Certes, il reste caché à l’âme, mais c’est pour mieux le chercher au-dedans et non sur des sites qui éloignent de la vie intérieure. S’il nous arrive d’oublier le mot de passe pour entrer en relation avec lui, pas de problème, le nom de Jésus suffit pour tout rétablir. C’est d’une telle simplicité que l’on complique tout. Le plus grand effort ici est de ne pas en faire, seulement la foi et l’amour, la confiance et l’abandon, sans oublier le combat de la fidélité. « Le juste vivra par sa fidélité » (Habaquq 2, 4).
En réalité, pour persévérer dans la prière et franchir les obstacles de branchement, les vraies questions ne sont pas pourquoi et comment prier, où et quand, combien de temps ? Non, une question plus fondamentale demeure : « Qui est Dieu pour moi » ? J’aurai beau dire que je n’ai pas envie de prier, que je ne ressens rien, qu’il ne se passe rien, que je m’ennuie, qu’il y a trop de distractions, que je suis dans l’action, si Dieu est au cœur de ma vie, la prière le sera aussi.
Jacques Gauthier
Publié dans La vie est belle, Québec, juillet-août 2013, p. 18.
Pour aller plus loin, je vous suggère mon Guide pratique de la prière chrétienne (Presses de la Renaissance, 323 pages); Expérience de la prière (Parole et Silence, 140 pages).
À propos de l'auteur
Marié et père de famille, poète et essayiste, son oeuvre comprend plus de 80 livres, parus au Québec et en Europe, et traduits en plusieurs langues. Il a enseigné vingt ans à l'Université Saint-Paul d'Ottawa. Il donne des conférences et retraites que l'on retrouve dans sa chaîne YouTube. Pour en savoir plus: Voir sa biographie.
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