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Le blogue de Jacques Gauthier

Noël avec Mimi, Dina et Thérèse

J’ai eu la grâce de publier récemment des biographies sur deux grandes mystiques du Québec qui témoignent dans leurs écrits de la présence de Dieu en nous : Georgette Faniel, le don total (Novalis) et Je donnerai de la joie. Entretiens avec Dina Bélanger (Novalis/Emmanuel). Pour elles, la fête de Noël révèle avant tout l’amour de Dieu pour notre monde en la venue de Jésus, l'Enfant divin. À ces deux témoins de la joie de Noël, j'ajoute Thérèse de Lisieux, qui a eu une grande influence dans leur cheminement spirituel.

Mimi

Noël 1922, Georgette, qu’on appelait familièrement Mimi, a sept ans. Cette année-là, ses parents n’ont pas les moyens d’offrir des cadeaux à leurs enfants. Ils leur demandent d’en faire le sacrifice au petit Jésus de la crèche, pauvre comme eux. Mimi, qui voulait une poupée vêtue en religieuse, saisit le sens de ce sacrifice fait par amour. Et tous de fêter avec joie la Nativité. Surprise ! Ils reçoivent dans l’après-midi des boîtes de nourriture, de vêtements et de jouets. À son grand étonnement, Mimi reçoit la poupée tant espérée. Elle y voit un signe particulier de l’amour de Dieu pour elle. 

La foi de Mimi sera toujours plus brûlante d'amour à l’approche de Noël. Le 20 décembre 1963, elle fait cette prière à Jésus : « Mon Bien-Aimé augmente mon amour pour toi afin qu’en la nuit de Noël je puisse t’adorer, t’aimer avec un cœur brûlant d’amour pur. » Le 23 décembre de la même année, elle s’exclame : « Que c’est beau le mystère de Noël, le mystère de l’Amour! » 

Dina

Vers l’âge de cinq ans, Dina voit le petit Jésus dans un rêve. Il lui dit en souriant : « Que veux-tu ? » Elle lui répond naïvement : « Voulez-vous me donner votre portrait ? ». Son rêve s'évanouit, mais il lui cause une grande joie. Elle écrit dans son autobiographie : « Je n'oubliais pas ma demande et j'étais sûre d'être exaucée. La fête de Noël approchait. Après la messe de minuit, je trouve comme cadeau du ciel une jolie petite étable de Bethléem en carton colorié. Le petit Jésus, couché dans sa crèche, souriait les bras ouverts. Aussitôt, je m'écriai : « Je savais bien qu'il m'enverrait son portrait ! » 

Alors qu’elle est au début de la vingtaine, Dina Bélanger raconte dans son autobiographie une autre grâce qu’elle reçut à Noël : « Une nuit de Noël, pendant mon action de grâces après la sainte communion, je fus enivrée de consolations. Notre Seigneur me prépara à sa visite la veille au soir. J'étais à l'église. Je souffrais beaucoup intérieurement. Un sentiment de paix, de recueillement m'enveloppa, me pénétra, et je pressentis que Jésus allait se communiquer à mon âme de quelque manière fort intime. En effet, après avoir reçu la blanche Hostie, il me semblait être, comme jadis les bergers, à l'étable de Bethléem. La Sainte Vierge me présenta l'Enfant divin, et Jésus me donna le baiser de l'amour ; son Cœur parla au mien, oh ! si suavement ! »

Marie Joseph

Thérèse

Ce fut le 25 décembre 1886, à l’âge de treize ans, que Thérèse Martin reçut la grâce de sortir de l'enfance, comme elle l’écrit dans son Histoire d’une âme, « en un mot la grâce de ma complète conversion ». Revoyons la scène de cette nuit de Noël 1886, où Jésus toucha son cœur avec une telle profondeur que cette grâce lui donnera l'élan pour expérimenter sa petite voie de confiance au carmel de Lisieux.

Thérèse revient de la messe de minuit avec Céline et son père.  En arrivant, elle se réjouit d'aller prendre ses souliers et cadeaux dans la cheminée.  En voyant les souliers, son père dit : « Enfin, heureusement que c'est la dernière année! » Thérèse l’entend lorsqu’elle monte l’escalier. Céline pense qu’elle va pleurer, gâchant ainsi le réveillon. Mais Thérèse n'est plus la même. Jésus lui redonne une force d’âme qu'elle avait perdue à la mort de sa mère, à quatre ans et demi. Elle descend l’escalier et devient elle-même un cadeau pour son père et Céline en leur souriant. « Je sentis en un mot la charité entrer dans mon cœur, le besoin de m’oublier pour faire plaisir et depuis lors je fus heureuse ». Ce « miracle » de Noël, comme elle dit, sera déterminant dans sa vie spirituelle. « Depuis cette nuit bénie, je ne fus vaincue en aucun combat, mais au contraire je marchai de victoires en victoires et commençai pour ainsi dire une course de géant ». 

Mimi, Dina et Thérèse nous montrent que Jésus se contente de peu pour que sa miséricorde nous inonde. Il suffit d’un désir, d'une prière, d'un rêve, pour que l’on s’ouvre à sa grâce. Il respecte trop notre liberté pour imposer ses actions qui arriveraient comme par magie. Mais lorsque notre bonne volonté ne fait pas défaut, lorsqu’il voit que nous voulons accomplir sa volonté, alors là il fait des merveilles. 

À Noël, le Père nous offre un cadeau unique : son Fils sauveur, désarmé et vulnérable, dans les bras de Marie et Joseph. À l’exemple de Mimi, Dina et Thérèse, il nous comble aussi de ses bienfaits. Savons-nous les reconnaître, en toute humilité et simplicité? Rendons-lui grâce pour son amour infini qui se manifeste dans les petites choses du quotidien.

Je vous souhaite un joyeux Noël.

Un extrait de cet article est paru dans Le Messager de Saint-Antoine, Lac-Bouchette, décembre 2019, p. 21

Pour aller plus loin: Georgette Faniel, le don totalJe donnerai de la joie. Entretiens avec Dina Bélanger; La petite voie avec Thérèse de Lisieux
Pour lire les Notes spirituelles de Mimi: https://www.georgettefaniel.com/fr/  

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jeudi 5 décembre 2024

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