Le blogue de Jacques Gauthier
École de prière (56) Dans le souffle de l'Esprit Saint
La prière est la respiration de l’âme, dit-on souvent. Depuis le jour de la Pentecôte, nous prions dans le souffle même de l’Esprit Saint. Il nous aide à descendre dans notre cœur pour le tourner vers notre vis-à-vis, Dieu; « Car c’est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être » (Ac 17, 28). Il nous maintient dans l’existence par son souffle, (ruah en hébreu, pneuma en grec, spiritus en latin). Bien respirer, c’est accueillir le souffle de l’Esprit qui unifie notre être dans ses trois grandes dimensions : corps, âme, esprit.
Respirer dans l’Esprit Saint
Si nous commençons la prière dans l’agitation, il sera difficile de nous concentrer et de nous recueillir. Comme l’exprimait saint Augustin dans ses Confessions : « Seigneur, tu étais au-dedans de moi, et moi j’étais au dehors ». La respiration est un moyen pour se détendre, aller vers l’intérieur pour se rendre disponible à l’action de l’Esprit Saint. Même si nous sommes engloutis par un flot de pensées, prenons conscience de notre pauvreté et ouvrons-nous à la miséricorde divine. Il ne s’agit pas dans la prière de faire le vide, mais d’accueillir l’amour de Dieu qui est répandu en nous par son Esprit.
Assis, à genoux, debout ou couché, nous pouvons apprendre à respirer de bas en haut, calmement. Nous inspirons par le nez en glonflant l’abdomen qui soulève le thorax, nous expirons profondément par la bouche en repartant de l’abdomen. On remplit lentement les poumons d’air en accueillant l’amour de Dieu. On inspire et expire en disant intérieurement « Abba », ou « Jésus ». Nous pouvons aussi nous exercer à cette prière trinitaire : on inspire en disant : « Père »; on expire : « en ton Fils »; on inspire : « donne-moi »; on expire : « ton Esprit ».
Habituons-nous à invoquer souvent l’Esprit Saint dans la prière, le souffle de vie, l’hôte de notre âme. Pas une cellule du corps qui ne soit animée par son souffle. Nous inspirons profondément en disant, par exemple : « Souffle de Dieu », et nous expirons : « Reçois mon esprit ». On respire ainsi le souffle même de Dieu.
Pour les personnes qui ont beaucoup de distractions dans la prière, je suggère de respirer profondément, de sentir la vie qui ouvre les narines, bat dans le cœur, irrigue les veines comme une source d’eau vive. La respiration devient plus lente; nous acceptons le souffle qui soulève lentement la poitrine. Nous prenons conscience du mystère qui nous habite, de l’air qui nous donne l’énergie pour vivre et prier. Chaque inspiration peut être une aspiration à la prière, chaque expiration un abandon en Dieu.
Si le souffle symbolise l’Esprit, cela ne veut pas dire qu’il faille maîtriser son souffle ou avoir conscience de sa respiration pour bien prier. Le symbole physique, comme le souffle, signifie une réalité spirituelle, l’Esprit Saint, mais il n’est pas la réalité. Sinon, la rencontre de Dieu dépendrait d’une technique respiratoire ou d’une méthode de méditation.
Prier la Parole
Après un temps de respiration consciente, nous pouvons prendre un texte biblique, tel l’Évangile du jour, et le méditer dans notre cœur. La Parole méditée et priée nous nourrit des pensées du Christ pour que nous arrivions à penser et à vivre comme lui. Si la Parole s’est faite chair, n’est-ce pas pour que, par le Christ, elle prenne chair en nous? Après avoir prié la Parole, nous fermons les yeux et nous retournons au silence. Il nous ouvre à l’essentiel de ce que nous sommes, à cette écoute intérieure qui rend nos journées plus pacifiantes.
Si parfois nous manquons d’air et nous perdons le souffle dans nos prières et nos engagements, l’Esprit nous couvre de son ombre et nous redonne un second souffle. Il nous fait renaître librement en Église et nous fait comprendre les paroles de Jésus. « Le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. » (Jn 14, 26.)
Nous respirons dans l’Esprit parce que nous croyons que nous sommes nés d’eau et de souffle au baptême. Notre prière est union à Dieu, dans la rencontre de deux libertés, de deux désirs, de deux soifs. C’est toujours Dieu qui a l’initiative et qui se révèle quand il veut et de la manière qu’il veut. Il est libre de ses dons, mais à nous d’y répondre avec générosité.
Ne nous attachons pas à notre prière, car elle ne nous appartient pas. L’Esprit souffle où il veut. Lui seul peut nous aider à reprendre souffle dans nos journées souvent surchargées et à faire de la parole de Dieu notre demeure.
"Il est beau et salutaire de penser que, partout où l'on prie dans le monde, l'Esprit Saint, souffle vital de la prière, est présent. Il est beau et salutaire de reconnaître que, si la prière est répandue dans tout l'univers, hier, aujourd'hui et demain, la présence et l'action de l'Esprit Saint sont tout autant répandus, car l'Esprit «inspire» la prière au cœur de l'homme, dans la diversité illimitée des situations et des conditions favorables ou contraires à la vie spirituelle et religieuse […] La prière est aussi la révélation de cet abîme qu'est le cœur de l'homme, une profondeur qui vient de Dieu et que Dieu seul peut combler, précisément par l'Esprit Saint." (Jean-Paul II, L’Esprit Saint dans la vie de l’Église et du monde, no 65).
Article paru dans Magnificat, Paris, juin 2017, p. 7-10.
Pour aller plus loin: La prière chrétienne. Guide pratique. (Presses de la Renaissance, 2017).
À propos de l'auteur
Marié et père de famille, poète et essayiste, son oeuvre comprend plus de 80 livres, parus au Québec et en Europe, et traduits en plusieurs langues. Il a enseigné vingt ans à l'Université Saint-Paul d'Ottawa. Il donne des conférences et retraites que l'on retrouve dans sa chaîne YouTube. Pour en savoir plus: Voir sa biographie.
Derniers articles de cet auteur
Sur le même sujet:
En acceptant, vous accéderez à un service fourni par un tiers externe à https://www.jacquesgauthier.com/
Commentaires