Depuis une vingtaine d’années, je donne des retraites dans des paroisses et maisons de prière, ainsi qu’aux prêtres, religieux et religieuses lors de leurs retraites annuelles. Celle que j’anime sur l’oraison correspond bien à l’essence même de ce que doit être une retraite chrétienne : un temps gratuit pour Dieu, une rencontre du Christ, une expérience de conversion du cœur dans l’Esprit. L'oraison est cette forme de prière qui consiste à être en présence du Christ, à se tenir en silence devant lui, non pour faire le vide, mais pour entrer en communion d'amour avec lui, malgré les distractions. C'est un don, mais Dieu ne le refuse pas à celui qui prie. S’ouvrir au don de l’oraison chaque jour est le meilleur moyen pour accéder à une vie chrétienne profonde où la sainteté n'est pas absente. La retraite a pour objectif de renouer avec ce cœur à cœur qu'est l'oraison. Il ne...
Le blogue de Jacques Gauthier
Dans le christianisme, la méditation signifie surtout deux choses : une forme de prière intérieure et une manière de « ruminer » la Parole de Dieu, appelée lectio divina. La première forme est appelée oraison ou prière contemplative, et s’est surtout développée à partir des écrits de Thérèse d’Avila et de Jean de la Croix. La lectio divina d’abord été pratiquée chez les Pères de l’Église et les moines. Les Exercices spirituels d’Ignace de Loyola sont une autre manière de méditer la Parole de Dieu. Se tenir au centre C’est le mérite du moine bénédictin John Main (1926-1982), et de son fils spirituel Laurence Freeman, d’avoir rendu accessible une forme de prière très simple qui remonte aux premiers siècles de l’Église et qu’on avait un peu oubliée. Pour Main, le mot « méditation » veut dire : se tenir au centre de notre être, c’est-à-dire en Dieu. Il va s’appuyer sur ce que dans l’hindouisme on...
Les 8 et 9 décembre 2017, les Amis du Père Caffarel ont organisé un colloque international au Collège des Bernardins, à Paris : « Henri Caffarel, prophète pour notre temps ». Cette manifestation avait pour objectif de montrer l’influence du père Caffarel (1903-1996) dans le monde, de présenter sa pensée et ses intuitions sur la théologie du mariage et sur la prière intérieure. J’avais été invité à prononcer une conférence intitulée Henri Caffarel, maître d’oraison, qui est devenue un livre. J’ai déjà partagé mon exposé sur ce blogue : L’oraison selon Henri Caffarel. Voici que le texte intégral de toutes les conférences et interventions, ainsi que la transcription des tables rondes assurée par le comité de rédaction, ont été publiés en 2018 aux éditions du Cerf. Nous découvrons en 300 pages la vocation de cet homme de Dieu pour qui le Christ était tout dans la vie. Nous suivons le fondateur des Équipes Notre-Dame qui développa la spiritualité conjugale dans...
Dans l’oraison intérieure, nous accueillons l’amour du Dieu Père, Fils et Esprit qui n’est pas toujours perceptible à nos sens. On peut dire que c’est Dieu qui s’aime en nous, comme l’exprime le cistercien Guillaume de Saint-Thierry dans son traité La contemplation de Dieu : Ô aimable Seigneur, tu t’aimes encore toi-même en nous, quand tu envoies dans nos cœurs l’Esprit de ton Fils qui, par la douceur de l’amour, par la véhémence de la bonne volonté que tu nous inspires, crie : « Abba, Père! » Ainsi, tu fais de nous ceux qui t’aiment; bien mieux, ainsi tu t’aimes toi-même en nous. (Sources chrétiennes 61, Cerf) Une présence d’amour Telle fut l’expérience d’une femme mariée que le père Henri Caffarel présenta dans le livre Camille C. ou l’emprise de Dieu. Élevée dans un milieu familial athée, la jeune Camille perçoit pendant les vingt-cinq premières années de sa vie une mystérieuse présence d’amour au plus profond de son...
On peut se demander pourquoi il y a une si grande attirance de nos contemporains pour la méditation de type orientale, comme la méditation de pleine conscience, et une telle méconnaissance de l’oraison chrétienne, appelée aussi prière contemplative. Contrairement à certaines techniques orientales et psychologiques de méditation, il ne s’agit pas de se dissoudre dans un tout impersonnel, mais de chercher la rencontre du Dieu vivant dans une relation interpersonnelle d’amour qui nous ramène vers les autres. Un état d’éveil À l’heure des réseaux sociaux et des chaînes d’information continue, des portables et des tablettes, la méditation de pleine conscience, mindfulnessen anglais, est très populaire. Elle désigne un état d’éveil où la personne est attentive à son expérience sensorielle, cognitive, émotionnelle, ainsi qu’à tout ce qui l’entoure. Inspirée du bouddhisme, cette pratique se vit dans l’attention au moment présent et demande un arrêt pour mieux voir, une paix pour mieux accueillir, un...
Dans son Histoire d’une âme, Thérèse de Lisieux définit ainsi la prière : « C’est un élan du cœur, c’est un simple regard jeté vers le Ciel, c’est un cri de reconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve comme au sein de la joie ; enfin c’est quelque chose de grand, de surnaturel qui me dilate l’âme et m’unit à Jésus ». On peut dire la même chose de l’oraison chrétienne, qui est une forme de prière intérieure et silencieuse où l’on porte un simple regard d’amour vers le Christ qui nous aime. Une relation de personne à personne Comme toute relation de personne à personne, l’oraison est « une réalité simple et complexe, à la portée de tous », écrit Henri Caffarel au début des Cinq soirées sur la prière intérieure. Il suffit de s'arrêter, d’accueillir le moment présent comme une grâce, de s'asseoir en silence dans la confiance au Christ, de l’aimer et de se...
Je vous partage une recension de mon livre Henri Caffarel, maître d'oraison (Cerf), parue dans le bulletin de spiritualité monastique de la revue Collectanea Cisterciensia 80, 2018/1, p. 100-101, abbaye de Scourmont, Belgique. Elle est écrite par Léonard Appel. Après des études d’histoire de l’art, il a été membre pendant vingt-cinq ans de la Communauté de Taizé. Il a fondé ensuite, avec Marie Milis, à Bruxelles, Initiations, un lieu de recherche, de conférences et de réflexion. Maître d’oraison, le titre peut choquer, alors que « Maître » est utilisé ici pour dire pédagogue et inventeur de pratiques nouvelles (les nuits d’adoration où les volontaires se succèdent chaque heure ; la place des postures du corps dans la prière ; les séminaires de prière pendant 6 jours, etc.). Pour l’abbé Henri Caffarel (1903-1996), la prière est une science et un art qui s’apprend. Avant de se consacrer totalement à cette pédagogie, l’abbé a fondé, pour les...
Le 27 mars 2017, le pape François recevait à Rome les évêques de l’Ouest canadien. Il les invitait à être proches des gens pour les accompagner et leur offrir l’espérance de l’Évangile. Comment faire ? Il leur livra alors une clé efficace : « Être des hommes de prière, et de prière profonde, afin d’être à l’écoute de ce que l’Esprit saint nous dit. » Le levier de l’oraison Le père Henri Caffarel (1903-1997) a été un homme de prière profonde, à l’écoute de l’Esprit. Fondateur des Équipes Notre-Dame et de plusieurs revues, il a donné des conseils sur la pratique de l’oraison intérieure et silencieuse, qu’il exposa avec brio dans plusieurs livres. Il montre que l’oraison ne nous coupe pas du monde, mais nous permet de le porter dans notre cœur et de l’offrir à Dieu. L’oraison est le principe et le ressort de l’engagement, comme l’ont montré les grands priants de...
Le 14 décembre, l'Église honore la mémoire de saint Jean de la Croix (1542-1591). J'ai déjà partagé sur ce blogue mon admiration pour ce poète carme qui est devenu dès ma vingtaine un ami, un frère, un guide. Lors d’un salon du livre, de jeunes poètes me confiaient comment l’auteur mystique leur avait ouvert les yeux sur un autre réel, voilé par la routine quotidienne, mais qui sous sa plume dévoilait un don, une promesse, malgré la nuit, le désert, le vide. Ce réel caché, ne serait-ce pas Dieu? Les images que nous nous faisons de Dieu sont sans cesse à purifier, répète l’auteur de La Nuit obscure, Dieu étant toujours « au-delà de tout ». C’est un « je ne sais quoi », qui transcende toute connaissance. Le silence d’amour vécu dans l'oraison contemplative l’exprime mieux que tout autre langage, ce qui demande abandon et communion au mystère divin qui nous...
Je vous partage la conférence que je donnerai au collège des Bernardins à Paris le 9 décembre 2017 lors du colloque Henri Caffarel: prophète pour notre temps. Une nécessité vitale L’oraison avait la première place dans la vie du père Caffarel parce que le Christ l’avait également. Dès le début de son apostolat auprès des couples en 1936 et jusqu’à la fin de sa vie, cet homme de foi priait de longues heures par jour, souvent devant le Saint Sacrement, et s’accordait des mois de désert chaque année. Voici comment il s’adonnait à l’oraison, selon les propos d’un témoin: « Assis sur son petit banc de prière, le corps et la tête bien droits, les yeux le plus souvent clos, les mains largement ouvertes sur les genoux, parfaitement immobile, tout recueilli, tout présent à Dieu présent au plus intime de lui-même. Plus rien ne comptait. On aurait dit qu’il était à la...
Je serai en France du 30 novembre au 14 décembre. La dernière fois, c'était en septembre 2015 pour Thérèse de Lisieux (lire sur ce blog À Paris, avec Thérèse, pour Jésus. Cette fois, j'y vais pour le père Henri Caffarel, et pour Jésus, bien sûr. On m'a demandé de donner une conférence à un colloque qui lui est consacré au Collège des Bernardins à Paris les 8 et 9 décembre (voir le programme Henri Caffarel, prophète pour notre temps). J’ai croisé le père Caffarel à l’été 1973, alors que je vivais à la communauté de l’Arche de Jean Vanier à Trosly-Breuil. Il était venu échanger avec d’autres responsables de communautés et de groupes de prière sur l’implantation du Renouveau charismatique en France. Petit de taille, réservé, les yeux vifs, j’avais été frappé par le caractère énergique de ce prêtre passionné et rigoureux qui n’avait que Dieu pour horizon. Sa vie peut se...
Je vous partage la préface du dominicain Paul-Dominique Marcovits qui se trouve au début du livre Henri Caffarel, maître d'oraison. Prédicateur de retraites, le père Marcovits a écrit quelques livres aux éditions du Cerf sur le pardon, les béatitudes et le couple. Il a été conseiller spirituel national des Équipes Notre-Dame. Il est rédacteur de la Cause de canonisation du père Caffarel. Préface « Le sentiment de solitude serait absent du cœur de ceux qui s’aiment s’ils n’avaient que des aspirations limitées. Mais l’être humain est fait pour l’illimité, l’infini, l’absolu. Qu’il le sache ou qu’il l’ignore n’y change rien. Une faim secrète et insatiable l’habite. Elle est à la fois sa grandeur et son tourment. » Et le père Caffarel de s’interroger sur ce feu qui brûle ceux qui s’aiment : « Que faire ? Éteindre ce feu ? Mais ce serait éteindre leur âme ! Qu’ils croient plutôt à l’existence...
La prière est tellement simple qu’elle est à la portée de tous. Dans les précédents articles de l'École de prière de ce blogue, j’ai passé en revue quelques positions corporelles que nous prenons spontanément dans la prière : assis, à genoux, debout. Voici des exercices pratiques pour chacune de ces positions. Ils peuvent aider à entrer dans l’oraison intérieure, appelée aussi prière contemplative, à prolonger la prière du Christ, à vous unir à l’Esprit qui prie le Père. Le « vous » que j’utilise ici désigne une personne, non un groupe. Prier debout Trouvez un endroit calme. Tenez-vous droit, les pieds bien à plat au sol. Détendez-vous en prenant quelques respirations. Récitez une prière que vous connaissez, ou gardez silence en prenant conscience que vous êtes vivant et que l’amour de Dieu habite en vous. Joignez lentement les mains près du cœur ou sous le nez, la tête légèrement inclinée. Vous croyez que...
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