La prière est un chemin que l’on prend au jour le jour et qui nous façonne à notre insu. Plus qu’un rite à accomplir ou un exercice à faire, c’est une expérience de foi et d’amour qui se vit au plus profond du cœur. Qu’elle soit vocale ou silencieuse, elle prend la forme de la demande et de la louange, de la supplication et de l’action de grâce, de l’adoration et de l’intercession. Un exemple? Cette demande que les apôtres adressent à Jésus, et que nous pouvons faire nôtre au début de ce livre : « Seigneur, apprends-nous à prier ». (Luc 11, 1). On apprend à prier en priant. C’est un don que Dieu fait à quiconque le lui demande. Vous priez déjà, le plus important reste à faire : persévérer. Vous ne priez pas encore, si vous lisez cet article c’est que vous en avez le désir. Vous avez déjà prié, mais...
Le blogue de Jacques Gauthier
Une nuit, j’ai rêvé à la douceur de Dieu. Ou à son amour, si vous préférez. Je dormais profondément quand j’ai été envahi d’une lumière bienfaisante qui inondait mon corps d’une bonté et d’une douceur sans pareilles. Cette clarté berçait mon âme « comme un petit enfant contre sa mère » (Ps 130, 2). Je murmurais : « Je t’aime, Jésus. Je t’aime ». Ne vous méprenez pas, mes rêves ne sont pas toujours d’une telle élévation, mais ça arrive parfois, comme s’ils étaient un prolongement de ma relation au Christ. « Je dors, mais mon cœur veille », dit la bien-aimée du Cantique des Cantiques. Goûter la douceur de Dieu En me réveillant ce matin-là, je ressentais une grande joie. Mon temps habituel d’oraison silencieuse était vide de toute distraction, comme si le Christ reposait en moi. Il me brûlait le cœur de sa douce humilité : « Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples,...
Saint François d’Assise a loué le Seigneur pour messire frère Soleil : « Il est beau, rayonnant, d’une grande splendeur, et de toi, le Très-Haut, il nous offre le symbole. » L’a-t-il fait pour notre frère tournesol? Sans doute, mais implicitement, puisque qu’au début de sa grande louange cosmique qu'est le Cantique des créatures, il dit : « Loué sois-tu Seigneur, dans toutes tes créatures »... Si le soleil est vu comme le symbole de la splendeur divine, je considère le tournesol comme un symbole de l’oraison, appelée aussi prière contemplative. Se tourner vers le Christ Le tournesol, mot emprunté à l’italien tornasole, signifie «qui tourne avec le soleil». Cette grande plante nous rappelle l’importance de nous tourner vers le Christ en tout temps, ce «soleil de justice» aux rayons guérisseurs. La personne qui s’expose au Christ à chaque heure devient en quelque sorte un tournesol de Dieu. Au début de la...
Le 29 juin 2022, le pape François a publié une lettre apostolique d’une grande profondeur spirituelle sur la formation liturgique du peuple de Dieu : Desiderio desideravi. Le titre reprend les premiers mots de la parole de Jésus avant le dernier repas avec ses disciples : « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir ! » (Lc 22, 15) Pour un « nous » ecclésial Un an après la publication de son Motu Proprio Traditionis custodes, le Pape transcende les querelles liturgiques en offrant à tous les fidèles « quelques pistes de réflexion qui puissent aider à la contemplation de la beauté et de la vérité de la célébration » (no 1). Il ne revient pas sur telle pratique ou telle forme liturgique, si ce n’est de rappeler l’importance d’observer le rite romain selon les décrets du Concile Vatican II, « afin que l’Église puisse élever, dans la variété de tant de langues, une seule...
Voici le 84e article de l'École de prière de mon blogue, commencée en février 2013. Il me semble que je commence sans cesse, que je ne sais pas prier. De fait, nous sommes toujours des commençants dans la prière, nous marchons avec l'Esprit Saint qui prie en nous, qui vient en aide à notre faiblesse, qui nous aide à tenir bon sur les chemins inédits de la prière du coeur, de l'oraison silencieuse, de la contemplation surnaturelle. La prière est un élément constitutif de l’être humain. Présente dans les différentes civilisations, elle provoque une parole qui exprime les croyances et les désirs, souvent de manière poétique et symbolique. Elle révèle notre aspiration profonde à entrer en relation avec un être transcendant qu’on appelle Dieu. Des prières à la prière Quelle a été la première prière de l’humanité? Demande ou louange, personnelle ou communautaire, autour du feu ou au moment de la mort?...
Depuis une vingtaine d’années, je donne des retraites dans des paroisses et maisons de prière, ainsi qu’aux prêtres, religieux et religieuses lors de leurs retraites annuelles. Celle que j’anime sur l’oraison correspond bien à l’essence même de ce que doit être une retraite chrétienne : un temps gratuit pour Dieu, une rencontre du Christ, une expérience de conversion du cœur dans l’Esprit. L'oraison est cette forme de prière qui consiste à être en présence du Christ, à se tenir en silence devant lui, non pour faire le vide, mais pour entrer en communion d'amour avec lui, malgré les distractions. C'est un don, mais Dieu ne le refuse pas à celui qui prie. S’ouvrir au don de l’oraison chaque jour est le meilleur moyen pour accéder à une vie chrétienne profonde où la sainteté n'est pas absente. La retraite a pour objectif de renouer avec ce cœur à cœur qu'est l'oraison. Il ne...
Deux mois déjà que je suis confiné à la maison avec mon épouse, et nous avons trouvé un rythme de vie qui nous convient. Je sais que ce n’est pas la même expérience pour tout le monde, que certaines personnes souffrent d’anxiété, d’insécurité, d’isolement, de peur. Je peux les comprendre. Et puis, il y aura l’après-pandémie, qui ne sera pas un lendemain qui chante, si je me fie aux défis économiques qui nous attendent. Je perçois tout de même des signes positifs de la pandémie du Covid-19 : moins de guerres et de pollution, plus d’entraide et de respect. La terre, notre maison commune, s’en porte mieux. Nous sommes plus conscients de notre fragilité, plus centrés sur l’essentiel, moins arrogants et tout-puissants. Nous délaissons un peu notre côté individualiste pour penser aux autres, surtout les personnes plus vulnérables. Ce virus invisible nous force à être plus créateurs, humbles, généreux, solidaires, quitte à...
Dina Bélanger est morte de tuberculose le 4 septembre 1929 à l’âge de trente-deux ans. Nous célébrons donc cette année le 90e anniversaire de son entrée dans la vie éternelle. J'ai animé un triduum-retraite sur sa spiritualité chez les Religieuses de Jésus-Marie à Québec, dans la nouvelle paroisse Bienheureuse-Dina-Bélanger. C'était la première fois qu'une telle activité avait lieu, ainsi que le lancement de mon livre, Je donnerai de la joie. Autre nouveauté, qui sera peut-être le début d'une tradition: nous avons fait un pèlerinage en marchant sur les pas de Dina dans les rues de Québec. Une vie centrée sur le Christ Qui est cette âme privilégiée qui n'a voulu vivre que pour Jésus, à la suite de la Vierge Marie, et qui avait écrit: « Jésus m’a mise sur la terre pour ne m’occuper que de lui » ? Dina naît à Québec le 30 avril 1897, année de la mort de sa patronne, Thérèse...
Le 16 juillet 1969, les astronautes américains Neil Armstrong, Michael Collins et Edwin Aldrin se dirigeaient vers la lune. Leur fusée décolla sans problème de Cap Canaveral devant plus d’un million de personnes qui s’étaient déplacées pour assister à l’événement. Si vous étiez en ce monde, que faisiez-vous cette journée-là ? Moi, j’étais à Kamloops, en Colombie-Britannique, bien loin de la maison natale. Je traversais le Canada sur le pouce avec un ami. J’avais dix-sept ans, et plein de rêves en poche, de parfums à respirer, quand « l’air est parfois si doux », nous rappelle Rimbaud : « On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans / Et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade ». J’étais parti à pied le 30 juin de ma petite ville de Grand-Mère pour me rendre à Vancouver, en empruntant le nord des États-Unis pour revenir par le Canada. Le monde s’ouvrait à moi, comme la lune à l’équipage d’Apollo...
Dans le christianisme, la méditation signifie surtout deux choses : une forme de prière intérieure et une manière de « ruminer » la Parole de Dieu, appelée lectio divina. La première forme est appelée oraison ou prière contemplative, et s’est surtout développée à partir des écrits de Thérèse d’Avila et de Jean de la Croix. La lectio divina d’abord été pratiquée chez les Pères de l’Église et les moines. Les Exercices spirituels d’Ignace de Loyola sont une autre manière de méditer la Parole de Dieu. Se tenir au centre C’est le mérite du moine bénédictin John Main (1926-1982), et de son fils spirituel Laurence Freeman, d’avoir rendu accessible une forme de prière très simple qui remonte aux premiers siècles de l’Église et qu’on avait un peu oubliée. Pour Main, le mot « méditation » veut dire : se tenir au centre de notre être, c’est-à-dire en Dieu. Il va s’appuyer sur ce que dans l’hindouisme on...
La prière ne marche pas à côté de la vie, elle est dans la vie. Et comme la vie n’est pas parfaite, notre prière ne l’est pas non plus. Ne nous décourageons pas. On peut s’adonner partout à la prière, comme une amitié à Dieu au fil des rencontres. C’est une prière de pauvre, fréquente et spontanée, simple et profonde, qui se nourrit à même la vie. La vie devient prière, même si l’on croit ne pas savoir prier. Prière et amitié Dieu nous aime. La prière est un dialogue secret et plein d’amour qui n’appartient qu’à nous et Dieu. Il nous offre sa présence sans que rien n’y interfère, même pas nos faiblesses. Celles-ci deviennent même une occasion d’expérimenter sa miséricorde infinie. La prière est une noce où l’Époux nous invite à sa table. Sa coupe débordante de vin nouveau fait danser notre cœur de joie, même si nous ne ressentons...
Dans l’oraison intérieure, nous accueillons l’amour du Dieu Père, Fils et Esprit qui n’est pas toujours perceptible à nos sens. On peut dire que c’est Dieu qui s’aime en nous, comme l’exprime le cistercien Guillaume de Saint-Thierry dans son traité La contemplation de Dieu : Ô aimable Seigneur, tu t’aimes encore toi-même en nous, quand tu envoies dans nos cœurs l’Esprit de ton Fils qui, par la douceur de l’amour, par la véhémence de la bonne volonté que tu nous inspires, crie : « Abba, Père! » Ainsi, tu fais de nous ceux qui t’aiment; bien mieux, ainsi tu t’aimes toi-même en nous. (Sources chrétiennes 61, Cerf) Une présence d’amour Telle fut l’expérience d’une femme mariée que le père Henri Caffarel présenta dans le livre Camille C. ou l’emprise de Dieu. Élevée dans un milieu familial athée, la jeune Camille perçoit pendant les vingt-cinq premières années de sa vie une mystérieuse présence d’amour au plus profond de son...
On peut se demander pourquoi il y a une si grande attirance de nos contemporains pour la méditation de type orientale, comme la méditation de pleine conscience, et une telle méconnaissance de l’oraison chrétienne, appelée aussi prière contemplative. Contrairement à certaines techniques orientales et psychologiques de méditation, il ne s’agit pas de se dissoudre dans un tout impersonnel, mais de chercher la rencontre du Dieu vivant dans une relation interpersonnelle d’amour qui nous ramène vers les autres. Un état d’éveil À l’heure des réseaux sociaux et des chaînes d’information continue, des portables et des tablettes, la méditation de pleine conscience, mindfulnessen anglais, est très populaire. Elle désigne un état d’éveil où la personne est attentive à son expérience sensorielle, cognitive, émotionnelle, ainsi qu’à tout ce qui l’entoure. Inspirée du bouddhisme, cette pratique se vit dans l’attention au moment présent et demande un arrêt pour mieux voir, une paix pour mieux accueillir, un...
Dans son Histoire d’une âme, Thérèse de Lisieux définit ainsi la prière : « C’est un élan du cœur, c’est un simple regard jeté vers le Ciel, c’est un cri de reconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve comme au sein de la joie ; enfin c’est quelque chose de grand, de surnaturel qui me dilate l’âme et m’unit à Jésus ». On peut dire la même chose de l’oraison chrétienne, qui est une forme de prière intérieure et silencieuse où l’on porte un simple regard d’amour vers le Christ qui nous aime. Une relation de personne à personne Comme toute relation de personne à personne, l’oraison est « une réalité simple et complexe, à la portée de tous », écrit Henri Caffarel au début des Cinq soirées sur la prière intérieure. Il suffit de s'arrêter, d’accueillir le moment présent comme une grâce, de s'asseoir en silence dans la confiance au Christ, de l’aimer et de se...
Le livre Val Notre-Dame. L’abbaye dans les bois, des photographes Bruno-Jean Rotival et frère Bruno-Marie, a été couronné en mai 2018 du prix Livre à thématique spirituelle de Communications et Société. Le jury a tenu à souligner la qualité, la beauté et l'universalité de cet ouvrage photographique «qui présente un beau paradoxe : des moines ouverts sur le monde vivant cloîtrés dans un monastère.» Un prix a ceci de bon qu’il donne parfois une nouvelle vie à une œuvre. Il y a déjà quelques mois, j’avais lu et contemplé ce beau livre. Je voulais en parler sur ce blogue, mais d’autres articles ont monopolisé mon temps, puis j’ai oublié. Il faut dire que j’ai un attachement particulier à cette communauté cistercienne, puisque je l’ai connue de l’intérieur lorsqu’elle était enracinée à Oka, où j’ai vécu une expérience monastique de 1973 à 1977. De plus, il y a deux ans, j’ai donné la retraite...
Je vous partage une recension de mon livre Henri Caffarel, maître d'oraison (Cerf), parue dans le bulletin de spiritualité monastique de la revue Collectanea Cisterciensia 80, 2018/1, p. 100-101, abbaye de Scourmont, Belgique. Elle est écrite par Léonard Appel. Après des études d’histoire de l’art, il a été membre pendant vingt-cinq ans de la Communauté de Taizé. Il a fondé ensuite, avec Marie Milis, à Bruxelles, Initiations, un lieu de recherche, de conférences et de réflexion. Maître d’oraison, le titre peut choquer, alors que « Maître » est utilisé ici pour dire pédagogue et inventeur de pratiques nouvelles (les nuits d’adoration où les volontaires se succèdent chaque heure ; la place des postures du corps dans la prière ; les séminaires de prière pendant 6 jours, etc.). Pour l’abbé Henri Caffarel (1903-1996), la prière est une science et un art qui s’apprend. Avant de se consacrer totalement à cette pédagogie, l’abbé a fondé, pour les...
Le 27 mars 2017, le pape François recevait à Rome les évêques de l’Ouest canadien. Il les invitait à être proches des gens pour les accompagner et leur offrir l’espérance de l’Évangile. Comment faire ? Il leur livra alors une clé efficace : « Être des hommes de prière, et de prière profonde, afin d’être à l’écoute de ce que l’Esprit saint nous dit. » Le levier de l’oraison Le père Henri Caffarel (1903-1997) a été un homme de prière profonde, à l’écoute de l’Esprit. Fondateur des Équipes Notre-Dame et de plusieurs revues, il a donné des conseils sur la pratique de l’oraison intérieure et silencieuse, qu’il exposa avec brio dans plusieurs livres. Il montre que l’oraison ne nous coupe pas du monde, mais nous permet de le porter dans notre cœur et de l’offrir à Dieu. L’oraison est le principe et le ressort de l’engagement, comme l’ont montré les grands priants de...
Le 14 décembre, l'Église honore la mémoire de saint Jean de la Croix (1542-1591). J'ai déjà partagé sur ce blogue mon admiration pour ce poète carme qui est devenu dès ma vingtaine un ami, un frère, un guide. Lors d’un salon du livre, de jeunes poètes me confiaient comment l’auteur mystique leur avait ouvert les yeux sur un autre réel, voilé par la routine quotidienne, mais qui sous sa plume dévoilait un don, une promesse, malgré la nuit, le désert, le vide. Ce réel caché, ne serait-ce pas Dieu? Les images que nous nous faisons de Dieu sont sans cesse à purifier, répète l’auteur de La Nuit obscure, Dieu étant toujours « au-delà de tout ». C’est un « je ne sais quoi », qui transcende toute connaissance. Le silence d’amour vécu dans l'oraison contemplative l’exprime mieux que tout autre langage, ce qui demande abandon et communion au mystère divin qui nous...
Tu nous invites, Seigneur Jésus,à prier le Père sans nous décourager.Nous te demandons avec confianced’envoyer en nous l’Esprit Saint,pour que nous vivions en silencece cœur à cœur avec toi,de jour comme de nuit. Nous croyons que tu es là,au plus intime de notre être,rends-nous présents à ta présencepour que notre vie soit prièredans une attention amoureuseau beau mystère trinitaire,de jour comme de nuit. Nous nous laissons aimer par toien ce temps de ta miséricordeoù tout est grâce.Nous nous ouvrons en toute simplicitéaux flots de tendressequi jaillissent de ton cœur ouvert,de jour comme de nuit. À la voix de l’ange tu apparaîtras,époux des noces éternelles.Garde nos lampes allumées,que nous prolongions ta prière au Pèredans la nuit de notre foioù nous espérons ton retour,de jour comme de nuit.
Patrice de La Tour du Pin (1911-1975) a été l'homme d'une quête: celle du Dieu de joie, le Christ pascal. Cette quête l'entraîna sur les routes d'une aventure spirituelle des plus exigeantes et des plus originales. La première œuvre du poète, La Quête de Joie, publiée en 1933, contient en germe les intuitions de trois Jeux qu'il écrira pendant quarante ans sous le titre d'Une Somme de poésie, parue chez Gallimard. Il dialogua avec la culture de son temps, si souvent indifférente à la foi chrétienne. C’est de lui que vient cette phrase : « Tout homme est une histoire sacrée ». Il se dépassa en poésie pour accéder à une théopoésie où le langage symbolique est au service de la Révélation du Dieu Amour. Le jardinier des mots La Tour du Pin se décrit comme un « jardinier des mots » qui a voulu écrire la grande prière de l’homme...
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