Le blogue de Jacques Gauthier
École de prière (27) L'indémodable prière
Dans une entrée de mon Petit dictionnaire de Dieu, j'affirme que Dieu ne se démode pas, car il n'est pas une idole que l'on fabrique au gré des campagnes de publicité et dont l'apparition suscite la frénésie.
Il faut sans cesse dépasser la conception que l’on se fait de Dieu. On dirait aujourd’hui que c’est là le plan de marketing de l’enseignement biblique. Le culte est dû à Dieu seul et non à une idole qui tente de le remplacer : l’argent, le pouvoir, le sexe, le jeu, l’ambition, le succès… En d’autres mots : où va mon amour ?
Désirer vouloir prier
Si Dieu est mon amour, je prendrai du temps dans la prière pour lui parler, l’écouter, le rencontrer, demeurer en sa présence. Le dialogue fait partie de l’amour, c’est ainsi que dans la prière nous parlons à Dieu de nos besoins et nous nous ouvrons à son action en s'y abandonnant en toute confiance. Cette ouverture du cœur que produit la prière n’a pas pour but de changer Dieu, mais d’entrer dans son désir de bonheur et de salut pour nous. "Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel..." Alors, notre cœur change et nous communions un peu plus à la volonté du Père. Telle est la prière de Jésus: un coeur-à-coeur amoureux avec le Père.
Dans nos journées souvent surchargées, c’est tout un défi de se retirer quelques minutes au fond de son cœur et d’y puiser l’eau vive de la prière. Il suffit d’y penser, de vouloir y penser, d’offrir par avance nos actions qui peuvent être des petits entretiens avec Dieu, sans effort, dans la simplicité du cœur et la foi amoureuse. Elles sont nombreuses ces « pauses », à la maison, en voiture, en métro, au travail, où il est possible de s’établir dans la présence de Dieu. Notre vie en sera plus heureuse et notre engagement plus fécond.
Si nous ne désirons pas prier, nous pouvons toujours désirer vouloir prier. Il suffit de vouloir ce que Dieu veut, ou de vouloir cette volonté de lui être uni chaque instant. Dieu est plus grand que notre cœur, nous dit saint Jean, il voit donc ce que nous désirons être. Si nous voulons vouloir prier, il prend ce souhait de la volonté comme un acte de prière. Notre cœur ne peut pas mentir dans son désir, dans son amour. Le désir de prier garde notre cœur allumé pour attendre dans une joyeuse espérance la venue imprévisible du Seigneur.
Soif de le connaître
Plus on désire prier, plus on devient conscient de la présence de Dieu en soi. Ce désir nourrit la soif de le connaître pour mieux l’aimer. Saint Augustin commence ainsi son célèbre examen de conscience que l’on retrouve au livre X des Confessions : « Te connaître, ô mon connaisseur! Connaître comme je suis connu ». Désirer prier, c’est déjà prier, et être connu de Dieu, que l’on soit en voiture, pris dans un bouchon ou à un feu rouge, en attente au bureau de poste, à la banque, à l’hôpital, etc.
Ce désir de la prière est une grâce que Dieu fait. S’il nous fait désirer la prière, c’est qu’il veut nous faire le don de la prière, mais il a besoin de notre « oui ». Il a soif de notre soif. Le désir de la prière produit la prière, car Dieu est la Présence aimante que nous portons en nous et dans laquelle on rejoint nos frères et sœurs de la terre.
Texte paru en partie dans le magazine La vie est belle, octobre 2014, p. 14.
Pour aller plus loin, je vous suggère: Guide pratique de la prière chrétienne (Presses de la Renaissance, 323 pages); Expérience de la prière (Parole et Silence, 140 pages).
À propos de l'auteur
Marié et père de famille, poète et essayiste, son oeuvre comprend plus de 80 livres, parus au Québec et en Europe, et traduits en plusieurs langues. Il a enseigné vingt ans à l'Université Saint-Paul d'Ottawa. Il donne des conférences et retraites que l'on retrouve dans sa chaîne YouTube. Pour en savoir plus: Voir sa biographie.
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