À l’occasion du lancement du magazine chrétien pour hommes Louis, un média numérique sous le patronage de saint Louis Martin, père de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, fêtée le 1er octobre, on me demande comment sa spiritualité peut aider les hommes à assumer leur identité propre. Ouf! Ce n’est pas une mince question. Je réponds spontanément : en désirant aimer et en suivant la voie de la confiance. Le désir d’aimer Le désir est une dimension constitutive de l’être humain. Créés à l’image de Dieu, nous sommes des êtres de relation à la recherche de la vie en abondance, de la plénitude de l’amour. Thérèse est habitée très jeune par ce désir d’aimer qui se manifeste par un immense appétit de vivre. Pour elle, ce désir a un nom, un visage, une présence : Jésus. Thérèse, patronne des missions, témoigne de l’amour de Jésus à partir de ce qu’elle vit et parle avec l’autorité du...
Le blogue de Jacques Gauthier
Thérèse Martin est née le 2 janvier 1873 à Alençon. Qu’on l’appelle la petite Thérèse, Thérèse de Lisieux ou Thérèse de l’Enfant Jésus, la « plus grande sainte des temps modernes » n’a pas fini de faire parler d’elle. Enfant chérie de l’Église et du monde, elle a dit peu de temps avant sa mort, le 30 septembre 1897 : « Vous verrez, tout le monde m’aimera. » Depuis, elle passe son ciel à faire du bien sur la terre. Canonisée en 1925, elle est déclarée patronne des missions deux ans plus tard, puis patronne secondaire de la France en 1944, avec Jeanne d’Arc. Reconnaissance de l’UNESCO L’État français, soutenu par l’Italie et la Belgique, a présenté la candidature de son illustre citoyenne à l’UNESCO afin de souligner en 2023 le 150e anniversaire de sa naissance. Ce sera aussi le 100e anniversaire de sa béatification, le 29 avril 1923. La Conférence des pays membres de...
« Le temps est ton navire et non pas ta demeure », écrivait Lamartine. Il file au rythme des saisons sur les flots plus ou moins agités de nos vies. Nous ne sommes que de passage ici-bas, avant d’arriver à bon port. Certaines personnes regrettent le passé; d’autres désespèrent de l’avenir. Plusieurs sont incapables de s’arrêter, ne voulant rien manquer de ce qu’il faut voir. Elles restent branchées à leurs écrans en tout temps, comme sur un respirateur artificiel. Le temps habité Pour les chrétiens, le temps est un allié, car il mène au royaume de Dieu, notre véritable demeure. Nous ne sommes pas à la recherche du temps perdu, mais de Dieu venu dans notre temporalité. Tel est le sens du temps liturgique. Il ne nous enferme pas sur nous-mêmes, mais nous entraîne au cœur du mystère pascal. Le Christ ressuscité vient à nous, et nous allons à lui de...
Le pape François a consacré une année à la famille qui s’est terminée à Rome le 26 juin 2022 par la dixième Rencontre mondiale des familles. Il voulait souligner le cinquième anniversaire de l’exhortation apostolique Amoris Laetitia, (La joie de l’amour) dans laquelle il propose un idéal de l’amour conjugal et familial. Lors de son pèlerinage pénitentiel au Canada, du 24 au 29 juillet 2022, le pape a souvent abordé le thème de la famille, comme lieu de racines et d'appartenance, d'où l'importance de la transmission. Il était venu en humble pèlerin de la paix, pour écouter, dialoguer, demander pardon et prier avec les peuples autochtones qui ont été marqués par la tragédie des pensionnats. Les enfants avaient été enlevés à leurs parents en raison d'une politique colonialiste et raciste du gouvernement fédéral, les coupant ainsi des traditions transmises de générations en générations (Lire l'article de mon blogue du 18 juillet 2022)....
Le 29 juin 2022, le pape François a publié une lettre apostolique d’une grande profondeur spirituelle sur la formation liturgique du peuple de Dieu : Desiderio desideravi. Le titre reprend les premiers mots de la parole de Jésus avant le dernier repas avec ses disciples : « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir ! » (Lc 22, 15) Pour un « nous » ecclésial Un an après la publication de son Motu Proprio Traditionis custodes, le Pape transcende les querelles liturgiques en offrant à tous les fidèles « quelques pistes de réflexion qui puissent aider à la contemplation de la beauté et de la vérité de la célébration » (no 1). Il ne revient pas sur telle pratique ou telle forme liturgique, si ce n’est de rappeler l’importance d’observer le rite romain selon les décrets du Concile Vatican II, « afin que l’Église puisse élever, dans la variété de tant de langues, une seule...
Te souviens-tu de mon désircroisant ton ombre à la brunantequand un suaire de silencerecouvrait la première neige Que de sentiers à dépisteravant d'entrevoir ta maisonque de forêts à traverseravant d'atteindre ton absence Amour qui naîtamour qui vientes-tu de l'autre côté du versanten dessous des chosesou derrière le décorau-dedans des hommes N'oublie pas ces instants troublantsdes rendez-vous à la brunanteoù la passion mettait en cageles cœurs volages pour l'hiver Que de secrets à découvriravant la blessure des motsque de combats à revêtiravant la tendresse des corps Amour qui fuitamour qui partes-tu de l'autre côté du versanten dessous des chosesou derrière le décorau-dedans des hommes Rappelle-toi cette chansonquand tu m'attends à la brunantedans les moments de solitudeprès de ces neiges du couchant Que de nuits à te désireravant le baiser de l'auroreque de printemps à te guetteravant le cri de ta présence Amour qui passeamour qui durees-tu de l'autre côté du versanten dessous des chosesou derrière le décorau-dedans des hommes Du recueil...
Ce que l’on peut expérimenter de plus beau et de plus profond, disait Einstein, c’est « le sens du mystère ». Il ajoutait que ce principe sous-tend la religion et toute entreprise artistique et scientifique sérieuse. L’expérience du mystère prend la couleur de la relation que chacun vit avec lui-même, le monde, les autres, Dieu. Pour les mystiques, le mystère est une voie d’accès à la connaissance que le rationalisme ne peut pas tout expliquer. Leurs écrits nous en apprennent beaucoup sur les rapports entre le désir et le don, l’absolu et l’amour, le corps et l’âme, la parole et le silence, la liberté et la vérité, l’humain et le divin. Notre monde sécularisé avec ses préjugés aurait tort de se priver de ces auteurs uniquement parce qu’ils parlent de foi, de religion, de Dieu. Leurs textes ont une valeur en soi et font partie de l’histoire littéraire. L’épopée de la...
Je vous présente mon essai : Devenir saint, petit mode d'emploi. Devenir saint, ce n'est pas atteindre un idéal de perfection, mais consenir joyeusement à ce que nous sommes et nous laisser transformer par Dieu. Pas de recettes dans ce livre, mais de nombreuses pistes, différentes pour chacun, qui peuvent nous aider à avancer généreusement sur ce chemin d’amour et de joie qu’est la sainteté. La sainteté est une question d'accueil et d'amour. Assise au seuil de nos maisons, elle frappe à la porte pour faire sa demeure en nous. Elle prend spécialement sa joie chez les exclus de la société, les blessés de la vie, les petits de vertus, les souffrants de partout. Qui pense la posséder lui échappe. On ne peut la saisir qu’avec des mains vides. Elle est comme Dieu, elle s’accueille, tout simplement, avec un cœur d’enfant qui s’en va confiant au souffle de l’Esprit. Redécouvrir la sainteté La sainteté,...
Encore un livre sur Thérèse de Lisieux, diront certains. Oui, mais celui-ci n’est pas comme les autres. Préfacé par Natasha St-Pier, qui chante si bien les poèmes de Thérèse, le livre se présente comme une interview avec Thérèse, une longue conversation amicale qui prend la forme d’un dialogue. Je pose des questions à Thérèse, elle me « répond » à partir de ses écrits et de ses paroles. Le ton est spontané, le style, direct. Je lui donne la parole, et elle la prend en toute simplicité. La fidélité à ses textes est totale : je m’efface derrière eux. Je n’ai qu’à puiser dans ses mots comme un pêcheur de perles, assuré de l’abondance de la récolte. Je plonge avec mes questions, je remonte avec ses réponses et je respire mieux, surtout lorsque les eaux semblent plus troubles, plus noires. L’objectif de ce livre est de favoriser une rencontre personnelle, un contact intime, avec cette...
Seigneur Jésus, je crois que tu es présentavec le Père et l’Esprit au fond de mon cœur. Tu es aussi présent dans le saint sacrement,pour la gloire de Dieu et le salut du monde. Je me prosterne et je t’adore tel que je suis,avec tout ce que je vis en ce moment.Je voudrais t’accueillir sacramentellement,mais je ne le peux pas maintenant. Creuse en moi le désir brûlant de recevoirspirituellement ton corps et ton sang, de t’accueillir simplement comme Marie,dans la confiance, l’humilité et la paix. Je m’unis intimement en pensée à un prêtrequi célèbre la messe quelque part en église.Je participe de loin à ton sacrifice eucharistiquedans l’attente du pain partagé avec l’assemblée. Pauvre et misérable dans la nuit obscure de la foi,je communie à ta vie de la manière que tu veux.Rassasie mon âme qui soupire après ton amour,donne-moi la grâce de n’être jamais séparé de toi. Ma vidéo de 6 minutes sur la pratique de la...
Le concile Vatican II a mis la sainteté à l’honneur en affirmant que « tous sont appelés à la sainteté ». Elle est le devoir de tous, répétait Mère Teresa, afin que le Christ ressuscité puisse pleinement vivre en nous. La question de la sainteté touche au sens de la vie et de la mort, à la quête du bonheur et de la justice. Elle renvoie à Dieu, qui est en nous et qui est plus que nous. Lors d’une conférence, j’avais demandé aux gens s’ils aspiraient à la sainteté. Personne n’avait répondu, comme si cette question faisait peur, leur rappelait un christianisme moralisateur, rigide, triste. On leur avait peut-être dit que désirer la sainteté, c’était de l’orgueil, alors que c’est plutôt « l’instinct de conservation de l’âme », comme l’écrivait le romancier Gilbert Cesbron. Pour eux, sainteté rimait avec auréole, canonisation, extase, mortification. Désirer la sainteté Le pape François évoque ce...
Deuxième partie de l'entretien avec Nathalie Calmé sur la crise de la quarantaine paru dans la revue Sources, no 40, décembre 2017. Pour lire la 1er partie, cliquez ici. Au moment de la crise de la quarantaine, le désarroi spirituel du croyant est parfois comparable, selon vous, à une « nuit mystique »... La nuit mystique surgit du fond de notre misère humaine, de la crise du désir vécue à la quarantaine. Le croyant s'en remet à Dieu. Sa foi lui fait comprendre mystérieusement que c'est Dieu qui agit en lui. Il l'invite à la paix du cœur en le faisant passer par la nuit du dépouillement. Dieu plonge son cœur dans le vide et la sécheresse en lui montrant ce qui est faux et ombrageux : égoïsme, orgueil, agressivité, dépendance, jalousie. Le Tout éclaire son côté destructif. Il s'ensuit une grande douleur de se savoir indigne d'un tel amour. La nuit mystique dépasse tout ce...
Entretien avec Nathalie Calmé sur la crise de la quarantaine paru dans la revue Sources, no 40, décembre 2017. Première partie. Dans votre livre La crise de la quarantaine, vous écrivez que cette crise est une « occasion rêvée, car elle invite au changement et à l'intériorisation ». Parlez-nous de ce passage... Peu de personnes échappent à la crise de la quarantaine, surtout dans nos sociétés modernes axées sur l'avoir, la réussite et la performance. Chacun vit à sa manière cette phase de transition qui s'étend environ de trente-cinq à quarante-cinq ans. On quitte progressivement les promesses de la jeunesse et on devient vraiment acteur de sa vie. L'enfance paraît lointaine et la mort plus proche. Cet âge est marqué par des bilans, des désillusions, des remises en question. L'heure est venue de faire une pause, d'être à la mi-temps, un peu comme les joueurs de football qui prennent un temps de repos au milieu...
Dieu nous a créés pour que nous le cherchions, comme l’affirme saint Paul aux citoyens d’Athènes : « Dieu les a faits pour qu’ils le cherchent et, si possible, l’atteignent et le trouvent, lui qui, en fait, n’est pas loin de chacun de nous. » (Actes des Apôtres 17, 27). Le désir de chercher Nous sommes toujours des apprentis dans cette quête de Dieu, un peu comme les Mages à la recherche de l’Enfant Jésus. Nous allons de questions en questions, qui avivent notre désir et relancent notre espérance. C’est dans ce désir de chercher Dieu que nous existons vraiment et que nous nous révélons à nous-mêmes. Dieu, nous le cherchons dans la nuit de la foi pour que, l’ayant trouvé, nous le cherchions à tâtons en plein jour, ou plutôt, pour que nous nous laissions chercher par lui. Dieu demeure le cherché et le chercheur. Nous ne pouvons que relever...
Les mystiques chrétiens parlent du désir de Dieu avec ardeur. Saint Bernard écrivait dans son Traité de l’Amour de Dieu : « Dieu a fait de toi un être de désir et ton désir, c’est lui, Dieu ». Il s’inspirait d’Augustin qui affirmait que « le désir est le fond du cœur ». En désirant Dieu, on se rend capable d’être comblé par lui. Présence de Dieu en soi Dieu est une présence significative à l’âme qui attend qu’on le reconnaisse. La prière, expression par excellence du désir, est le moyen le plus simple et le plus direct pour entrer en relation personnelle avec Dieu. C’est l’échange de deux regards, de deux désirs. Lorsque nous désirons Dieu, nous le cherchons; et lorsque nous le cherchons, nous le désirons. Notre désir devient notre prière. Il suffit de fermer les yeux quelques minutes, de descendre dans notre cœur, d’écouter le silence, de faire un acte de foi...
Dans sa Divine comédie, chef-d’œuvre de la littérature mondiale, Dante Alighieri (1265-1321) fait du cistercien Bernard de Clairvaux le guide vers la vision suprême de Dieu au Paradis. C’est dire qu’il le considérait comme le mystique accompli des rapports de l’âme avec Dieu. Cette reconnaissance du poète italien exprime l’influence posthume de saint Bernard. Les prédicateurs ont abondamment utilisé ses écrits, il en est resté quelque chose dans la littérature et les arts. Interlocuteur des rois et des papes, saint Bernard, docteur de l’Église fêté le 20 août, reste un moine authentique et un écrivain spirituel hors pair dont la foi ardente au Christ n’est pas cérébrale. Contemplatif dans l’action, sa prédication jaillit de son oraison intérieure. Elle attise dans l’âme le feu de l’amour divin pour que cette flamme entraîne d’autres chercheurs à sa suite. Ses œuvres mystiques révèlent une vie spirituelle intense, une science théologique sûre et un grand...
La lecture d’œuvres mystiques est palpitante à plus d’un titre. Elle nous en apprend beaucoup sur les rapports entre le désir et le don, le corps et l’âme, la parole et le silence, l’humain et le divin. Lire ces témoignages de feu, c’est toucher à ce qu’il y a de plus essentiel et profond en nous : l’absolu de l’amour. Notre monde sécularisé aurait tort de se priver de ces auteurs uniquement parce qu’ils parlent de foi, de religion, de Dieu. Qu’ils débordent des cercles des croyants et des études théologiques, c’est une bonne chose, car leurs textes ont une valeur en soi et font partie de l’histoire littéraire. Ainsi en est-il de l’autobiographie spirituelle de Marie de l’Incarnation, appelée Relation de 1654, rééditée en « Boréal Compact » à un prix accessible. Il s’agit du manuscrit non autographe conservé au monastère des Ursulines de Trois-Rivières, paru en 1930, d’après l’édition de Dom Albert Jamet....
Chaque année, le quatrième dimanche de Pâques nous ramène l’image du Bon Pasteur et la journée mondiale de prière pour les vocations. Ce dimanche pourrait aussi s’appeler celui des différents ministères dans l’Église, pour que « le salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre » (Actes 13, 47). La journée du désir Le dimanche des vocations est la journée du désir. Désir de Dieu lui-même qui veut nous conduire vers les sources de la vie en nous donnant la vie éternelle : « Mes brebis écoutent ma voix; moi je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle » (Jean 10, 27-28). Désir des chrétiens d’écouter Jésus, de lui donner leur vie comme il l’a fait pour chacun et chacune de nous. La vocation, comme la prière, naît de la rencontre de ces deux désirs. La vocation est le fruit du désir de Dieu pour nous et de nous pour...
La prière chrétienne est désir et rencontre, méditation et contemplation, connaissance de soi et de Dieu. Elle est un puissant moyen pour communier à l’amour de Dieu répandu en nous par son Esprit. La foi et l’amour nous guident mieux sur ces chemins de la prière que les méthodes ou les techniques extérieures à nous. Je dis souvent que la meilleure méthode est de ne pas en avoir, ou bien c'est celle qui libère le mieux la prière en nous. L’Esprit saura bien nous donner la prière qu’il nous faut si nous l’invoquons avec confiance, car nous ne savons pas prier comme il faut, nous dit saint Paul. « Viens, Esprit Saint »! Les chemins de l’Esprit Saint À l’article de mon blogue, Petit lexique à retenir, je signalais que Jésus n’a pas donné de méthode précise pour méditer et prier. Il nous a laissé une prière vocale, le Notre Père, et il...
Dieu me fascine depuis toujours. Je suis tombé dedans quand j’étais petit. Je l’ai au corps et au cœur depuis ma naissance et mon baptême. Il reste caché, même si Jésus est venu nous le révéler comme un Père. J’essaie de le comprendre au fil des livres que j’écris. J’ai même rédigé un Petit dictionnaire de Dieu (Novalis), ce qui exige une bonne dose d’humilité et d’inconscience tant ce projet donne le vertige. Dieu n’est pas une invention, c’est une découverte, disait Louis Massignon. Quelqu’un de personnel La question « qui est Dieu ? » renvoie à qui je suis. Pour moi, Dieu est quelqu’un de personnel qui m’aime et habite ma conscience depuis mon enfance. Il est un « tu » qui fonde mon « je », un Dieu ineffable que ma parole balbutie. Devant cet être, autre et différent, je ne suis jamais seul. Pas de lieu et d’espace...
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