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Le blogue de Jacques Gauthier

Joseph, le charpentier de Nazareth

Lorsque Jésus enseigne avec autorité dans les synagogues, on s’étonne et on lui rappelle son état civil : « N’est-ce pas là le fils de Joseph » (Lc 4, 22). Ce Joseph, on le connaît bien, c’est l’humble artisan de Nazareth, l’époux de Marie. Matthieu est encore plus explicite, il précise le métier de Joseph : « D’où lui viennent cette sagesse et ces miracles ? N’est-il pas le fils du charpentier ? » (Mt 13, 54). 

Le fils du charpentier

Si Jésus était soumis à son père, il participait sûrement à son travail. Il a peut-être pensé au charpentier de Nazareth lorsqu’il dit dans l’évangile de Jean que son Père céleste est toujours à l’œuvre. C’est ainsi qu’il répond aux Juifs qui le poursuivent parce qu’il a guéri un paralysé le jour du sabbat : « « Mon Père est toujours à l’œuvre, et moi aussi, je suis à l’œuvre. » (Jn 5, 17) Son père était un bâtisseur. Jésus sait ce que veut dire bâtir une maison sur le roc ou sur le sable quand il affirme dans une parabole que quiconque entend ses paroles et les met en pratique est semblable à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc (Mt 7, 24-27).

Ce mot « charpentier » désigne toute sorte d’ouvriers sur bois. Le bois est primordial dans la vie de tous les jours. Être charpentier à cette époque, c’est travailler le bois, que cela soit les instruments de la culture, les coffres des ménages, la construction des toits. Joseph est l’ouvrier du village auquel on recourt à lui pour solidifier une charpente, redresser un mur, placer une porte, confectionner un meuble, construire un berceau, confectionner et réparer des outils comme les sarcloirs, les râteaux, les escabeaux, les ustensiles de ménage. Jésus savait comment les jougs étaient confectionnés, lui qui va dire : « Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos » (Mt 11, 29). Sa croix victorieuse sera aussi faite de bois, rendant à néant l’antique bois maudit de l’arbre du paradis.  

Joseph est un artisan qui a certainement transmis son modeste métier à son fils, selon les coutumes de l’époque, comme un maître à son apprenti. Grâce à l’atelier de Joseph, le travail prend ainsi une grande valeur, puisque Jésus lui a consacré beaucoup de temps. L’obscur labeur quotidien est devenu une œuvre d’épanouissement, de rédemption et de sanctification. Comme le dit si bien saint Paul : « Tout ce que vous faites : manger, boire, ou n’importe quoi d’autre, faites-le pour la gloire de Dieu. » (1 Co 10, 31)

Joseph travailleur

Patron des travailleurs

Le travail manuel chez les Juifs est un moyen de gagner son pain et une occasion d’être béni par Dieu. Joseph est l’homme du travail bien fait. Il est fier de ce qu’il accomplit ; il n’a pas à rougir de son tablier de cuir. Il manie avec dextérité la hache et la scie, le marteau et la varlope. Il trouve son bonheur dans la relation qu’il entretient avec Jésus et Marie, avec les gens de son village. Ses gestes de charpentier révèlent une vie intérieure intense. Action et contemplation s’unifient dans sa vie vouée au service des autres. Il montre à son fils la noblesse du travail manuel, la primauté de l’amour et de Dieu en toutes choses. « Si le Seigneur ne bâtit la maison, les bâtisseurs travaillent en vain. » (Ps 126 (127), 1)

Si en de nombreux pays on célèbre le 1er mai la fête des travailleurs, les catholiques font mémoire du charpentier Joseph. Ils rappellent la noblesse et les richesses du travail, malgré les injustices que nous rencontrons trop souvent sur les lieux de travail. Et quel drame lorsque des hommes et des femmes perdent leur emploi. Le pape François écrit dans sa lettre apostolique sur saint Joseph, Patris Corde

La personne qui travaille, quel que soit sa tâche, collabore avec Dieu lui-même et devient un peu créatrice du monde qui nous entoure. La crise de notre époque, qui est une crise économique, sociale, culturelle et spirituelle, peut représenter pour tous un appel à redécouvrir la valeur, l’importance et la nécessité du travail pour donner naissance à une nouvelle “normalité” dont personne n’est exclu. Le travail de saint Joseph nous rappelle que Dieu lui-même fait homme n’a pas dédaigné de travailler [...] Implorons saint Joseph travailleur pour que nous puissions trouver des chemins qui nous engagent à dire : aucun jeune, aucune personne, aucune famille sans travail ! 

C’est surtout à partir du XXe siècle que l’Église présente saint Joseph comme le modèle des ouvriers et des travailleurs. La prière d’ouverture de la messe de saint Joseph artisan situe le travail comme une collaboration à l’œuvre du Créateur :

Dieu, créateur de l’univers, tu veux que l’homme, par son travail, te rende gloire en continuant ton œuvre ; permets, en ta bonté, qu’à l’exemple de saint Joseph et sous sa protection, nous accomplissions les tâches que tu nous donnes, et recevions la joie promise au bon serviteur.

Saint Jean XXIII aimait beaucoup saint Joseph. Il commençait et terminait souvent ses journées en pensant à lui. Il a laissé quelques prières, dont celle-ci, à l’occasion du 1er mai 1960 :

Ô saint Joseph, gardien de Jésus, époux très chaste de Marie, qui avez passé votre vie à accomplir parfaitement votre devoir, en entretenant par le travail de vos mains la Sainte Famille de Nazareth, daignez protéger ceux qui, avec confiance, se tournent vers vous. Vous connaissez bien leurs aspirations, leurs angoisses, leurs espérances ; ils recourent à vous, car ils savent qu’ils trouveront en vous quelqu’un qui les comprenne et les protège [...] Obtenez que dans chaque famille, dans chaque atelier, dans chaque chantier, partout où un chrétien travaille, tout soit sanctifié dans la charité, dans la patience, dans la préoccupation de bien faire, afin que descendent en abondance, sur tous, les dons du céleste amour !

Extraits de mon livre : Saint Joseph, homme de foi, p. 41-47

Lire aussi ces deux articles dans mon blogue sur saint Joseph:
19 mars: saint Joseph
La paternité de saint Joseph

Enregistrement du webinaire du 5 mai 2021 sur saint Joseph, travailleur, dans ma chaîne YouTube, en collaboration avec l'Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal. Ma conférence dure 20 minutes et elle est suivie d'une période de questions de 10 minutes. Vidéo ajoutée le 9 mai 2021.

Voir aussi la cinquième vidéo de ma retraite sur saint Joseph dans ma chaîne YouTube, ajoutée le 18 mars 2021.

Vie cachée et culte à saint Joseph
La paternité de saint Joseph

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lundi 7 octobre 2024

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