Le blogue de Jacques Gauthier
L'obole de ma vie
Les lectures du 32e dimanche du temps ordinaire B nous montrent que Dieu ne juge pas selon les apparences. Une veuve de Sarepta ramasse du bois et n’a rien pour manger, c’est pourtant elle qui va nourrir le prophète Élie. Une autre veuve dépose seulement deux piécettes dans le tronc, en face de la salle du trésor du Temple, et pourtant Jésus fait son éloge, même si beaucoup de riches y mettent de grosses sommes : « Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a tout donné, tout ce qu’elle avait pour vivre. » (Mc 12, 44)
Deux comportements religieux
Jésus décrit dans l’évangile deux types de comportements religieux. D’un côté, il y a les scribes présomptueux qui se pavanent et qui aiment se faire remarquer. Il nous met en garde contre ces guides spirituels prétentieux qui se servent de la religion pour s’enrichir et s’enorgueillir : « Ils dévorent les biens des veuves et affectent de prier longuement » (Mc 12, 40). Cette hypocrisie religieuse, plus que leur manque de modestie, horripile Jésus. Par leurs attitudes, ils sont les ennemis de la Bonne Nouvelle de libération apportée surtout aux plus petits.
De l’autre côté, il y a une veuve pauvre qui se dépouille de ce dont elle a besoin pour vivre, s’en remettant à Dieu pour le reste. À cette époque, la veuve était une personne privée de la protection de son mari, donc sans ressources et assistance. Contrairement aux scribes, cette femme est humble et vraie. Le cœur de Jésus en est tout remué, car cette veuve aime Dieu pour lui-même, parce qu’il est Dieu. Sa religion est intérieure, ses actes sont en conformité avec sa foi. Son cœur est pur, sa confiance est totale. Ainsi, Jésus la donne en exemple à ses disciples.
Le don de soi
Cet épisode émouvant est dérangeant. Il parle du don de soi, comme les femmes de l’Évangile en sont si souvent capables. Je pense à la mère de Jésus, qui deviendra veuve, à Marie-Madeleine, à Marthe, à la Samaritaine… Ces vrais disciples donnent leur vie comme Jésus a donné la sienne en faisant totalement confiance à son Père. Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour donner ce qui nous est nécessaire pour vivre? Quelle est notre obole? Que pouvons-nous donner au Seigneur? Ce n’est pas nécessairement de l’argent, mais nous pouvons donner notre impuissance à aimer, notre fragilité d’être, notre incapacité à pardonner, notre indigence dans la prière. Le 7 janvier 1889, Thérèse de Lisieux écrivait à l'une de ses soeurs: « Tout sera pour [Jésus], tout, même quand je ne sentirai rien à pouvoir lui offrir, alors comme ce soir je lui donnerai ce rien ». Sa devise était : « L’Amour ne se paie que par l’Amour ».
Dieu désire que nous lui donnions notre vie, notre amour, mais il nous laisse libre. Jésus nous révèle un Dieu bon et miséricordieux qui regarde le cœur. Il gratifie les personnes qui donnent tout sans se soucier du lendemain. Demandons-lui qu’il nous apprenne à reconnaître que tout don vient de lui, que tout est confié et donné. Cet adage sera alors notre bagage sur les chemins de la vie : « Tout ce qui n’est pas donné est perdu ».
Pour aller plus loin: Jésus raconté par ses proches (Parole et Silence / Novalis);
Notre coeur n'était-il pas brûlant? (Parole et Silence / Bellarmin.
À propos de l'auteur
Marié et père de famille, poète et essayiste, son oeuvre comprend plus de 80 livres, parus au Québec et en Europe, et traduits en plusieurs langues. Il a enseigné vingt ans à l'Université Saint-Paul d'Ottawa. Il donne des conférences et retraites que l'on retrouve dans sa chaîne YouTube. Pour en savoir plus: Voir sa biographie.
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