À la mort du fondateur de l’Arche, le 8 mai 2019, j’écrivais cet article sur mon blogue : Jean Vanier, un fou admirable. Je relatais mon séjour de six mois à l’Arche de Trosly-Breuil en 1973, alors que j’étais au début de la vingtaine. J’évoquais mes rencontres avec cet homme de compassion et de foi que j’aimais beaucoup et qui parlait si bien de Jésus. Il y avait aussi le père Thomas Philippe, père spirituel de Jean et aumônier de l’Arche jusqu’à sa mort en 1993. Je le rencontrais souvent et il m’était un guide précieux dans mes premiers pas sur les chemins de la prière intérieure. Jean et le père Thomas étaient pour moi des témoins du Christ, des apôtres de l’amour de Dieu. Comme je l’écris dans mon hommage à Jean, ce fut toute une surprise d’apprendre qu’en 2014 le père Thomas était dénoncé pour des abus sexuels commis sur des...
Le blogue de Jacques Gauthier
Quand arrive le 6 décembre, c’est inévitable, je me rappelle la tuerie de l’École polytechnique de Montréal. C’était en 1989, j'avais rencontré à la maison, quelques mois avant la tragédie, Annie St-Arneault, âgée de dix-huit ans, sœur de mon ami Serge, missionnaire d'Afrique. Elle sera tuée avec treize jeunes femmes par Marc Lépine, blessant quatorze autres personnes, avant de se suicider. Vingt-neuf ans plus tard, je me souviens. Chaque année, nous commémorons ce triste événement, pour ne pas oublier l'inoubliable? La blessure ne se referme pas aisément au cœur des amis et des familles qui sont proches des victimes. Ce devoir de mémoire est vital; il permet de ne pas oublier et il suscite des engagements comme celui d’un meilleur contrôle des armes à feu. Je dédie ce poème à mes quatorze sœurs à peine éteintes. L’étudiante de décembrefixe l’horizon qui s’assombrit larmes de sang sur la neigele tireur marque la limitefauchant dans...
Le journaliste Philippe Oswald a écrit une belle critique de mon livre Récit d'un passage. Elle est parue le 4 avril sur le site français Aleteia sous le titre: "Une mort comme l'offrande du soir". Je vous la partage intégralement en ce temps pascal où nous célébrons la victoire du Christ sur la mort. En christianisme, l'amour a toujours le dernier mot. Alors que le monde meurt de peur devant la mort, Jacques Gauthier témoigne que celle de Gilles, son beau-père aimé, fut pour lui et sa famille comme une nouvelle naissance. C’est le grand mystère de la mort qu’évoque Jacques Gauthier de façon à la fois réaliste et poétique en racontant celle de son beau-père Gilles. Près de dix ans ont passé depuis que c’est arrivé. Il aura sans doute fallu cette incubation pour que jaillisse ce récit d’une mort pleinement vécue comme un passage, la mort d’un chrétien dans une famille chrétienne,...
Le bon père Benoît Lacroix est entré dans la vie le 2 mars et les témoignages d’affection continuent d’affluer dans les journaux, réseaux sociaux, blogues… Il a beaucoup aimé le peuple du Québec, l’accompagnant dans ses passages, l’invitant à ne pas oublier ses racines, sa devise : « Je me souviens ». On se rappelle donc de lui avec tendresse ces jours-ci. Hier, des centaines de personnes ont défilé devant sa dépouille exposée en chapelle ardente dans l’église du couvent Saint-Albert-le-Grand à Montréal. François Gloutnay en donne un bon compte-rendu dans le média Présence. En ce 10 mars, jour de ses funérailles, la communauté se rassemble autour de Benoît pour entendre la Parole de Dieu, prier en silence, célébrer l’Eucharistie, remercier le Seigneur pour tout ce qu’il a fait de merveilleux dans sa vie. Ce sera plus une action de grâce qu’un hommage. Ma foi me dit que l'enfant de Bellechasse, le fils de...
Mon livre Récit d’un passage vient de paraître en France aux éditions Parole et Silence. Édité également par les éditions Novalis, il sera en librairie au Canada vers la fin avril. C’est une nouvelle édition de 190 pages de Fraternelle souvenance, ouvrage épuisé depuis quelques années. Pour vous donner une idée, voici le premier paragraphe du livre : « Il s’appelait Gilles, il était mon beau-père, et je l’aimais. Il est décédé à l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska le 10 novembre 2006 à l’âge de quatre-vingt-trois ans. Nous lui avons fermé les yeux pour que les nôtres s’ouvrent sur sa naissance. Il n’est pas parti, il est arrivé. Il n’est pas disparu, il est apparu dans le mystère qui l’a tant séduit. Il n’a pas été enlevé, mais accueilli. Il ne s’est pas éteint, mais allumé à un autre feu. Son enterrement fut un enciellement. Pourquoi parler au passé, qu’il soit composé ou simple ? Il s’appelle...
Daniel Guénette, L’école des chiens, Montréal, Triptyque, 2015, 268 pages. Attristé par la perte de mon Tom (voir le billet du blogue C’était un bon chien), L’école des chiens a été un baume sur mon deuil. Ce beau récit du poète Daniel Guénette évoque, avec pudeur et humilité, les onze années vécues auprès de Max qu’il a dû faire euthanasier à cause d’un cancer. Ils sont rares de tels livres qui traitent si tendrement de la relation entre un homme et son animal de compagnie. Ça parle de vie et de mort, d’attachement et d’amitié, d’enfance et de solitude. « Parce que c’était lui, parce que c’était moi. Je lui ai donné, il m’a remis au centuple. Il est venu et j’ai vécu, autrement, beaucoup mieux » (p. 87). L’auteur apprivoise lentement son deuil en remontant le fil des souvenirs et des promenades, un peu à la manière de Jean-Jacques Rousseau. L’ami...
Au Québec, l’expression « mon chien est mort » signifie qu’il n’y a plus rien à faire, qu’on a perdu tout espoir de réaliser ce qu’on désirait. Aujourd’hui, je l’emploie au sens littéral. Ceux et celles qui ont perdu un animal de compagnie peuvent comprendre la douleur de la perte, le vide causé par l’absence. Mon chien est mort, de vieillesse. Il marchait difficilement, dormait beaucoup, fixait le mur. Alors, je l’ai fait euthanasier. Après quinze ans de présence chaleureuse dans la famille, ce n’était pas une décision facile à prendre. Quand j’ai téléphoné à la SPCA de Gatineau, la réceptionniste m’a répondu qu’ils ne faisaient pas d’euthanasie, sauf pour les animaux de leur refuge, mais qu’ils offraient le service de crémation individuelle. Bref, pour tuer mon pitou, je devais acheter une urne au prix d’environ 300$. Je ne voulais pas ses cendres, encore moins une urne, mais qu’il meure sans douleur. J’ai...
L'horreur. Du déjà vu. Un homme de 20 ans entre de force dans une école primaire de Newtown, au Connecticut, et tue vingt-six personnes, dont vingt enfants de six ou sept ans, tous atteints de plusieurs balles d'un fusil semi-automatique. Comme bien des parents et grands-parents, j'ai pensé tout de suite à mes enfants et à mes deux petites-filles. Quel drame! Quelle douleur! Cette tragédie m'en a rappelé une autre, celle de la Polytechnique de Montréal, survenue le 6 décembre 1989. J'avais rencontré l'une des quatorze victimes quelques mois auparavant, la souriante Annie St-Arneault de La Tuque, soeur de mon ami Serge, missionnaire d'Afrique. Vingt-trois années déjà, et on se souvient toujours. Les commémorations continuent, comme cette Soirée de poésie tenue le 6 décembre à La Tuque en mémoire d'Annie. Comment oublier l'inoubliable? Le traumatisme ne s'efface pas facilement du coeur des amis et des familles qui sont proches des victimes. Ce devoir...
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