Le blogue de Jacques Gauthier
Prier avec Charles de Foucauld
Cet article est un résumé de la conférence que j'ai donnée aux Fraternités monastiques de Jérusalem à Montréal, en février 2022, à l'occasion d'une retraite spirituelle sur l'oraison, et que l'on retrouve dans une vidéo de ma chaîne YouTube. Elle renvoie à la troisième partie de mon livre Charles de Foucauld, passionné de Dieu (Emmanuel/Novalis, avril 2022, 224 pages).
Ne vivre que pour Dieu
Charles de Foucauld (1848-1916), qui sera canonisé à Rome le 15 mai 2022 par le pape François, a placé l’amour de Dieu et du prochain au-dessus de tout, selon sa devise : «Jésus Caritas». Nous connaissons sa très belle prière d’abandon : «Mon Père, je m’abandonne à toi». Elle est le fruit de sa méditation constante de la parole de Dieu et de l’adoration eucharistique, le centre de sa vie.
Frère Charles de Jésus a vécu un itinéraire spirituel hors du commun et pourtant très actuel. Après une jeunesse dissipée, il retrouve la foi chrétienne à vingt hui ans en se confessant à l'abbé Huvelin. Il ne veut vivre que pour Dieu et accomplir sa volonté en tout.
« Aussitôt que je crus qu’il y avait un Dieu, je compris que je ne pouvais faire autrement que de ne vivre que pour Lui : ma vocation religieuse date de la même heure que ma foi : Dieu est si grand. Il y a une telle différence entre Dieu et tout ce qui n’est pas Lui. »
Une vie de prière
Frère Charles de Jésus a été un contemplatif au grand cœur qui a ouvert sa porte à tous, en particulier aux musulmans. Il a su parler de la prière en termes très simples, que ce soit dans sa minuscule cabane de jardinier à Nazareth ou dans ses ermitages du Sahara. Il a compris de l’intérieur que la vie n’a de sens que lorsqu’elle devient amour et prière, travail et liturgie. Il s’est laissé conduire par l’Esprit pour mieux rayonner le Christ dans sa prière d’offrande au Père et sa mission de frère universel.
Ce mystique du désert nous invite à suivre le Christ sur le chemin de la fraternité et de la prière. Si la prière a la première place, c’est parce que Dieu est au cœur de sa vie. Sa soif insatiable d’adoration le libère de lui-même et lui permet de se réaliser dans son « Bien-Aimé Frère et Seigneur Jésus ». Il définit la prière comme un regard amoureux tourné vers Jésus qui nous regarde avec amour, même si nous ne ressentons pas son amour. « Prier, c’est penser à Dieu en l’aimant », note-t-il dans ses méditations.
Charles de Foucauld vit une spiritualité de l’accueil qui se caractérise par ces grandes lignes, que je développe dans la deuxième partie de mon livre : discerner la volonté de Dieu, obéir par amour, imiter Jésus à Nazareth, vouloir aimer par-dessus tout, crier l’Évangile par sa vie, évangéliser par la bonté, être frère universel.
Sa prière, faite d’amour, d’adoration et d’abandon, découle de son union à Jésus. Il médite sans cesse la parole de Dieu pour mieux l’adorer dans le Saint Sacrement. Il connaît des passages à vide qui purifieront son désir profond d'aimer et de se laisser aimer. La grâce va pacifier cette forte personnalité en l’exposant au feu de l’adoration eucharistique, transformant ses excès d’amour pour Jésus en une source d’eau vive pour le prochain.
L’heure d’adoration est pour lui « une heure de pleine douceur ». Il écrit à Mgr Guérin, le 30 septembre 1902 :
« De 3 h 30 à 5 h 30 : adoration ; c’est le meilleur moment de la journée après la Messe et la nuit : le travail est fini et je me dis qu’il n’y a plus qu’à regarder Jésus… C’est une heure de pleine douceur ».
Mais à d’autres moments, cette forme de prière intérieure et silencieuse se transforme en une expérience d’aridité et de pauvreté. Il est confronté au terrible silence de Dieu qui décape l’âme du vernis de l’orgueil. Il expérimente, avec plusieurs adorateurs, la privation de tout goût dans l’oraison. Il se sent tiède et vide, à l’image du désert dans lequel il vit.
L’ermite missionnaire ne serait pas devenu ce qu’il a été sans la prière. Elle lui a permis de vaincre les tentations, de durer dans la nuit de la foi, de vivre en présence de Dieu, sans se décourager, malgré les abus et les guerres, comme aujourd'hui. Il reprendra souvent la dernière prière de Jésus sur la croix : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » Aussi, peut-il tout lui demander, « pourvu que ta volonté se fasse en moi, en toutes tes créatures, je ne désire rien d’autre, mon Dieu ».
Prière d'abandon (en pensant que Jésus la récite avec nous )
Pour aller plus loin, voir la fiche du livre aux Éditions Emmanuel.
Pour feuilleter le livre, cliquez ici.
Voir les autres liens sur Charles de Foucauld dans mon blogue.
Voir ma vidéo de 52 minutes sur Prier avec Charles de Foucauld, ajoutée le 11 mars 2022.
À propos de l'auteur
Marié et père de famille, poète et essayiste, son oeuvre comprend plus de 80 livres, parus au Québec et en Europe, et traduits en plusieurs langues. Il a enseigné vingt ans à l'Université Saint-Paul d'Ottawa. Il donne des conférences et retraites que l'on retrouve dans sa chaîne YouTube. Pour en savoir plus: Voir sa biographie.
Sur le même sujet:
En acceptant, vous accéderez à un service fourni par un tiers externe à https://www.jacquesgauthier.com/
Commentaires